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Mieux-être au travail, nouvelle tendance managériale

Liaisons Sociales Magazine | Conditions de travail | publié le : 03.07.2017 | Amandine Nilles

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La conciliation vie privée, vie professionnelle devient une des préoccupations majeures des salariés. Les entreprises peuvent proposer des solutions basées sur le savoir-faire de leurs managers et les services annexes.  

L’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est un des nouveaux paramètres qui comptent pour les salariés. Une récente étude Ipsos pour Babilou, sur 1000 salariés français représentatifs, fait apparaître que 91% des personnes interrogées sont attachés au respect de cet équilibre.

Certes, le travail continue d’être un repère puisque 83% des salariés estiment qu’il est important de travailler pour avoir un bon équilibre personnel. Mais il s’agit de travailler sans sacrifier sa vie personnelle et familiale.

Or au quotidien, les frontières entre vie pro et vie familiale sont très poreuses. Quatre salariés sur dix constatent que l’entreprise empiète sur leur vie privée. Et à l’inverse, 73% des salariés-parents gèrent des aspects de leur vie familiale sur leur lieu de travail (prise de rendez-vous médicaux, paiement de factures, recherche d’information).

Recherche d'équilibre

Cette recherche d’équilibre devient une priorité et « s’inscrit dans le cadre de la nouvelle aspiration des salariés-parents : le mieux être », d’après les rédacteurs de l’enquête. Une évidence pour Caroline Ruiller, maître de conférence à  l’IAE de Rennes et spécialiste en organisation et en qualité de vie au travail.  « Ces résultats sont connus depuis 40 ans mais l’étude souligne opportunément l’importance du rapport temps de travail et qualité de vie en entreprise. »

L’apport original de l’étude Babilou est de distinguer bien-être et mieux-être. Cette dernière notion commence à émerger en France depuis quelques années. Là où le bien-être au travail consiste à bénéficier d’un bureau ergonomique, d’un distributeur de boissons chaudes ou encore de salles de repos et de détente, le mieux-être lui, est plus subjectif. Il commence à exister lorsqu’une entreprise aide ses employés à gérer les aléas de leur vie personnelle, pour leur permettre d’être plus efficace pendant le temps de travail.

Milieu « salutogénique »

« L’idée de mieux-être n’est pas stabilisée sur le plan scientifique », explique Caroline Ruiller. Le concept se divise en trois volets : la subjectivité, l’esprit de groupe et le pouvoir d’agir. Les chercheurs français parlent du mieux-être comme d’un « milieu salutogénique ». Entendre par là, un milieu professionnel dans lequel l’individu peut « développer son pouvoir d’agir et la qualité de son activité ». En d’autres termes, le mieux-être renvoie à l’organisation du travail.

Caroline Ruiller utilise les notions de « Sens, Lien, Activité, Confort », développées avec Damien Richard et Emmanuel Abord de Chatillon pour imaginer un mode de management « salutogénique ».  « Ce sont des pratiques et des comportements de management favorables au bien-être », indique-t-elle. Un savoir-faire qui peut faire la différence au regard des 37% de salariés qui se déclarent insatisfaits de leur niveau de stress dans l’étude Babilou.

Vie privée et GRH

A noter que 45% des salariés supportant des horaires de travail stricts se plaignent de leur niveau de stress. Logique si l’on considère qu’ils ont plus de mal à articuler vie privée et vie professionnelle. Une preuve que l’entreprise peut aider ses salariés à gérer leurs problèmes personnels.

La question a son importance. Près d’un tiers des salariés a déjà changé d’emploi pour une raison liée à sa vie privée, selon l’étude Babilou. « Depuis les année 2000, la vie hors-travail s’est intégrée dans la gestion des ressources humaines », affirme Caroline Ruiller.

Rôle du manager de proximité

L’universitaire décline deux façons d‘améliorer le mieux-être au travail des salariés. La pratique instrumentale consiste à proposer des services ou de la flexibilité : réservation de places en crèche, télétravail ou encore congés parentaux. Mais aussi jours de congés exceptionnels ou une meilleure gestion des urgences familiales.

Alors que la pratique managériale consiste à mettre en avant le rôle du management de proximité en matière de conciliation des temps de vie, ainsi que du management par objectifs. Reste à former les managers de proximité sur ces questions et à développer une culture managériale interne favorable au « mieux être »…

Auteur

  • Amandine Nilles