Le site Antijob existait depuis 17 ans. C'est fini. À la suite d'une action de justice pour diffamation, de la part d'un employeur indélicat, la société immobilière PIK Broker, qui avait licencié massivement et, selon les anciens salariés, avait recours à un management « non-professionnel », a eu gain de cause auprès de Roskomnadzor, l'administration russe de réglementation des communications. Antijob a été bloqué le 11 septembre. Le site Web servait à recueillir des milliers de commentaires et de plaintes de salariés décrivant certaines pratiques d'employeurs, allant de longues séquences de présence sans heures supplémentaires payées à des conditions de travail désastreuses, en passant par des pratiques managériales douteuses et des salaires versés en retard. Selon la loi russe sur la diffamation, les sites Web peuvent être bloqués s'ils contiennent ce qui est considéré comme du contenu diffamatoire. « La législation russe n'empêche pas les citoyens d'exprimer leur opinion sur leurs conditions de travail, mais si ces informations sont fausses et portent atteinte à la réputation de l'employeur, ce dernier se doit de réagir et de défendre ses intérêts », a argumenté PIK Broker. Dans sa décision de mai 2021, le Tribunal d'arbitrage de Moscou avait en effet déclaré les affirmations des salariés « fausses », et de fait, « diffamantes » envers PIK Broker et, à ce titre, qu'elles devaient être interdites de circulation dans la Fédération russe. Ce n'est pas la première fois qu'Antijob se voit suspendu. « Cela nous arrive tous les deux ans environ, a déclaré un représentant du site à la presse. Mais nous avons mis sur pied un site miroir pour continuer de travailler. » En outre, le site déclare être l'objet de cyber-attaques, de tentatives de réduire le trafic, quand ce n'est pas de menaces directes et anonymes de le faire « disparaître »...