La marque de vêtements Boohoo, décriée cet hiver à l'occasion d'un rapport mettant en lumière les mauvaises conditions de travail imposées par les sous-traitants dans les ateliers de confection (horaires à rallonge, salaires médiocres, conditions de sécurité défaillantes...), en particulier à Leicester, dans le nord du pays, a cédé sous la pression de l'opinion publique. Elle a adopté un « Agenda for change », visant à mieux surveiller l'activité de ses sous-traitants, notamment par le biais de lanceurs d'alerte, d'approvisionnement responsable et de la publication du nom de tous les sous-traitants utilisés dans le monde. Elle vient d'accepter, sous la pression de ses actionnaires, de conditionner le versement d'un bonus aux 15 top managers à la mise en œuvre concrète et totale du fameux Agenda for change. Le conseil d'administration aura ainsi le pouvoir de réduire le montant du bonus accordé individuellement aux top managers (d'un total de 150 millions de livres, soit plus de 173 millions d'euros), y compris en ce qui concerne les co-fondateurs, Carol Kane and Mahmud Kamani, si l'Agenda n'est pas implémenté dans sa totalité. Selon un plan initié l'an dernier par la direction, sans en avoir référé aux actionnaires, ce qui va à l'encontre du code de bonne gouvernance britannique, les deux co-fondateurs devaient ainsi recevoir chacun 50 millions de livres (un tiers du bonus total, donc) si la valeur de Boohoo en Bourse, de 4 milliards de livres actuellement, passait à 7,5 milliards d'ici juin 2023. Un autre programme de bonus permettait au directeur général de l'entreprise, John Lyttle, de recevoir lui aussi 50 millions de livres si la valorisation boursière atteignait 6 milliards de livres en 2024. Les actionnaires se sont émus de ce dispositif, qui prenait surtout en compte la performance de l'entreprise et l'ont fait savoir. Boohoo a déclaré « accueillir favorablement ces commentaires », concédé qu'elle aurait dû, au nom de la transparence, informer le conseil d'administration, et promis que le comité de rémunération suivrait attentivement l'évolution des rémunérations et bonus en fonction des changements observés dans les ateliers.