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Le travail de qualité, une condition du bien-être des salariés

Conditions de travail | publié le : 06.04.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Le travail de qualité, une condition du bien-être des salariés

Le travail de qualité, une condition du bien-être des salariés

Crédit photo Kateryna / Adobe stock

Alors que le Gouvernement voudrait tourner la page de la réforme des retraites et engager les discussions avec les partenaires sociaux sur le travail, une partie de la recherche de sens qui émerge des enquêtes menées auprès des salariés repose sur la difficulté, voire l’impossibilité, de réaliser un « travail bien fait ». Reste à savoir ce que peut recouvrir cette notion à la fois évidente, mais au contenu et aux contours plus difficiles à préciser. Parmi les spécialistes qui se sont penchés sur cette question délicate, Yves Clot, professeur émérite de psychologie du travail au Cnam, mais aussi chercheur au Centre de recherche sur le travail et le développement, mérite une attention particulière. Il a en effet traité cette question dans de nombreux livres. Il affirme notamment que cette notion de « travail bien fait » recouvre pour les salariés la possibilité d’atteindre les buts qu’ils se sont fixés, ou qu’on leur a fixés. Le chercheur insiste surtout sur l'importance pour les salariés de parvenir à un résultat qu'ils estiment « défendables » à leurs propres yeux.

Un tel horizon suppose que les salariés puissent porter un jugement sur les tâches qui leur sont confiées, mais aussi celles qui sont confiées à leurs collègues, et surtout qu’ils puissent délibérer avec ces derniers sur la signification et la portée de leurs actions. En parallèle, ce « travail bien fait » implique une réflexion collective afin de réfléchir sur les activités, qu’elles soient individuelles ou collectives, et d’avoir une autonomie suffisante pour les faire évoluer. Certes, ce type de travail exige un fort investissement, tant psychologique que social. Attention toutefois à ne pas confondre intensité et intensification du travail, terme qui désigne l’augmentation du nombre d’opérations accomplies sur une durée déterminée. Selon Yves Clot, l’intensité du travail ne constitue pas pour autant un danger pour la santé mentale et physique des salariés, dès lors que la quantité d’activités reste acceptable.

Dans une interview récemment accordée à Entreprise & Carrières, n°1617 du 27 mars, le spécialiste revient sur cette notion explorée à travers un ouvrage collectif. Il y défend la thèse d’un conflit positif entre les visions que peuvent avoir les salariés et la hiérarchie. Si les échanges entre salariés permettent de mettre en relief les appréciations différentes sur le « travail bien fait » et de « retrouver le plaisir de "discuter boulot" », du côté de la hiérarchie, ce sont les objectifs économiques qui dominent. Comment concilier ces deux visions ? Pour Yves Clot, ce conflit, s’il est « récurrent et durable », reste indispensable pour établir « des arbitrages plus robustes et surtout réversibles ».

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins