Les entreprises doivent veiller à la qualité de la pause-déjeuner. C'est la principale conclusion de l’étude "Déjeuner au travail, une question de temps", réalisée par le groupe Apicil et le centre de recherches de l’Institut Paul Bocuse, en collaboration avec le groupe Elior et l'université Claude Bernard Lyon I. Synonyme de récupération, la pause-déjeuner peut aussi être soumise à des pressions. Les salariés peuvent en effet devoir composer avec des contraintes de temps. La pause-déjeuner devient alors une "zone tampon" dans la journée qui permet de réduire un retard ou d’anticiper de futures tâches. Confrontés à ces enjeux, les salariés sont tentés de réduire la durée de leur pause repas pour se tourner vers d’autres activités, soit personnelles comme la pratique d’un sport, soit professionnelles pour absorber une forte charge de travail.
L’étude relève par ailleurs que pour les salariés soumis à des contraintes de temps importantes, le déjeuner entre collègues semble être synonyme de moindre récupération, ce qui augmente l’impression de fatigue accumulée en fin de journée. L’une des stratégies adoptées par les travailleurs pressés consiste à déjeuner en solitaire. Ces contraintes objectives renforcent l’impression subjective de manquer de temps et de sentir pressé. L’étude relève que les femmes ressentent une plus forte pression temporelle que les hommes. Elles utilisent plus fréquemment la pause déjeuner pour remplir différentes obligations personnelles ou pour gagner du temps afin de partir plus tôt de l’entreprise et de pouvoir s’atteler à leurs obligations familiales.
L’étude note aussi que la durée de la pause affecte la nature et la qualité du régime alimentaire. Les contraintes temporelles modifient en effet les processus de prise de décision "en donnant plus d’importance à l’affect". Cette pression oriente les salariés vers des choix alimentaires moins équilibrés, souvent vers des aliments de type "snack", jugés plus savoureux et objectivement plus caloriques, une catégorie que l’étude qualifie de "comfort food". L’étude souligne que la pause-déjeuner peut devenir un moment de communication important à intégrer dans la stratégie de prévention. Elle peut en effet être utilisée pour inciter les travailleurs à privilégier une alimentation équilibrée et de qualité. Constatant que les contraintes de temps peuvent impacter largement les comportements alimentaires des salariés, l’étude note qu’il serait utile de prendre en compte ces aléas dans la conception des messages sanitaires mais aussi l’offre de restauration.