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Climat : un risque pour la santé des salariés ?

Conditions de travail | publié le : 13.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Le monde du travail est-il prêt au changement climatique ? La prise de conscience est en tout cas bien là. La commission travail et emploi du Conseil économique, social et environnemental a lancé une consultation début 2023 auprès des représentants du personnel des secteurs public et privé. Elle a recueilli plus de 1 900 contributions. Il en ressort en premier lieu un grand décalage de perception. Alors que 80 % des répondants se sentent concernés « à titre personnel » par ces enjeux, ils ne sont que 35 % à déclarer que le changement climatique est à l’ordre du jour dans leur entreprise ou administration.

Cette consultation met aussi en relief le lien établi entre le climat et la santé. Plus de 75 % des ouvriers et 66 % des employés estiment que le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement ont des conséquences sur la santé des salariés et des agents. Toutes catégories confondues, ce taux s’établit à 70 %. Cette préoccupation est aussi partagée, mais dans une moindre mesure, par les titulaires d’un mandat de représentation d’employeur (56,5 %). Pour nombre de répondants, le cloisonnement actuel entre risques professionnels et environnementaux perd progressivement de son sens et une prise de conscience est en cours sur une interaction croissante entre ces deux types d’expositions.

Le dérèglement climatique suscite une anxiété chez plus d’un tiers des répondants (35,4 %), les femmes étant plus nombreuses (37 %) que les hommes (31,8 %). L’écart entre sexes est deux fois plus important dans la fonction publique puisqu’il atteint 12 points. C’est par ailleurs chez les agents publics que l’anxiété vis-à-vis du dérèglement climatique est la plus élevée (40,6 %) et chez les dirigeants qu’elle est la plus faible (16 %).

Les formations sur ces thématiques commencent à se déployer, puisqu’un tiers (34 %) des répondants en ont suivies (ou vont en suivre). Derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités puisque les cadres sont les premiers à en bénéficier (42 %), loin devant les employés (25,6 %), les agents publics (25,5 %) et les ouvriers (16,7 %). La majorité (50 %) de ces formations est proposée par les employeurs ou relève d’initiatives individuelles (41 %). Les organisations syndicales et les instances représentatives du personnel se montrent peu actives : les syndicats sont à l’origine de 16 % de ces formations, les CSE 11,3 % et les CHSCT 5,2 %. Pour les répondants, cette insuffisance de formation est le premier frein au développement du dialogue social sur les enjeux environnementaux (55 %), suivi de près par l’absence de volonté de l’employeur (50 %).

Comment faire évoluer la situation ? Pour 7 répondants sur 10, il faut renforcer les obligations légales. Cette réponse recueille aussi l’assentiment de 50 % des représentants des employeurs, en seconde position après la réalisation d’un diagnostic partagé (61 %), qui est aussi la seconde réponse la plus généralement fournie. Sur le troisième levier à actionner, les réponses divergent notablement : tandis que les salariés (représentants du personnel comme non mandatés) misent avant tout sur des accords de branche, les représentants des employeurs préfèrent donner la priorité aux demandes émises par les salariés ou les agents, pour ce qui est de la fonction publique. Si ces pistes peuvent faire évoluer le dialogue social, les événements climatiques et leurs conséquences joueront aussi un rôle sans doute important.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins