Entré en vigueur le 1er septembre dernier, l’accord télétravail de la fédération nationale Familles Rurales, promet jusqu’à 80 jours de travail à distance pour les salariés qui le souhaitent. Pour les négociateurs, ce texte constitue l’amorce d’une amélioration plus vaste des conditions de vie au travail au sein de son réseau.
À la Fédération nationale Familles Rurales, on a dépassé le stade de savoir s’il fallait négocier un ou deux jours de télétravail par semaine comme dans la majorité des entreprises. Au sein de ce réseau de structures associatives d’aide aux familles qui compte 121 000 familles adhérentes, 1850 associations locales fédérées et 17 000 salariés, le nouvel accord télétravail entré en vigueur le 1er septembre dernier permet aux salariés de la fédération nationale de poser jusqu’à 80 journées de travail à domicile. Tout au long de l’année et à leur convenance. "Si un collaborateur souhaite poser en une fois la totalité des jours et prendre trois mois de télétravail, il le peut", résume Clotilde du Lac, directrice dialogue social et RH au sein de la fédération.
Le télétravail n’est pas une nouveauté au sein de cette structure dont le périmètre, la taille et la multiplicité des activités associées (de l’animation sociale à la petite enfance en passant par le service à domicile) en font une branche à part entière dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS). Un précédent accord, daté de 2012, ouvrait largement la pratique du travail à domicile aux salariés. "C’est dans l’ADN d’un mouvement comme le nôtre de permettre à des collaborateurs exprimant le souhait de travailler en milieu rural de le faire", résume Sandrine Dutheil, élue CSE (sans étiquette) au sein de l’association. Cette formule est d’ailleurs ouverte à l’ensemble des salariés, y compris les plus hauts dans l’organigramme, DSI et DRH.
"Conserver des temps collectifs"
C’est le confinement, synonyme de télétravail forcé dans des conditions chaotiques, qui a convaincu les élus de la nécessité d’un nouvel accord poursuivant la dynamique du travail à distance engagée, mais cadrant le dispositif pour éviter de déliter le collectif de travail. "C’était l’un de nos points chauds : il fallait conserver des temps collectifs pour les collaborateurs, qu’il s’agisse de séquences de travail ou de convivialité", explique Sandrine Dutheil. Un constat partagé par la direction : "Nous sommes un mouvement familial, c’est normal de chercher à concilier vie professionnelle et vie personnelle", abonde Guillaume Rodelet le directeur général de la fédération nationale. Dans ces conditions, les quatre mois de négociation ont surtout servi à poser les virgules dans le texte et à discuter des conditions pratiques de mise en place du travail à domicile : dotation des salariés en matériel, prime compensatoire pour les salariés télétravailleur (alignée sur le barème Urssaf à 220 euros annuels) et nombre de jours télétravaillables (la direction misait sur 70 par an, les élus des salariés sur 90 avant de s’accorder sur une moyenne de 80).
Au-delà de la seule question du télétravail, la direction générale entend surfer sur l’accord pour distiller une culture de la qualité de vie au travail (QVT) au sein du réseau. Dans ce secteur où les structures évoluant sous la bannière de la Fédération sont de nature diverses (GIE, associations, groupements d’employeurs…) et les rémunérations peu élevées, la question de l’amélioration de travail "peut constituer un élément de fidélisation, mais aussi d’attraction", explique Clotilde du Lac. Chez certaines associations adhérentes ou au sein de fédérations départementales, des mesures compensatoires à destination des salariés dont les fonctions interdisent ou limitent la pratique du télétravail commencent à être discutées : aménagement du temps de travail, dotation de véhicules… Bref, un développement de bonnes pratiques dont les négociateurs de l’accord tireront le bilan en décembre 2023 selon les termes de la clause de revoyure fixée dans l’accord.