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Aidants : un enjeu de compétitivité pour les entreprises

Conditions de travail | publié le : 03.10.2024 | Gilmar Sequeira Martins

Aidants : un enjeu de compétitivité pour les entreprises.

Crédit photo Rawpixel.com/Adobe Stock

Programmée le 6 octobre, la XVe édition de la Journée nationale des aidants aura pour thème « l’auto-reconnaissance ». Une étape d’autant plus nécessaire pour éviter la dégradation de la santé d’une population dont la moyenne d’âge est élevé et dont plus de la moitié est salariée.

Ils sont déjà largement plus de 10 millions et passent presque totalement inaperçus. Le nombre d’aidants ne cesse en effet de croître. Selon une enquête de l’Ocirp menée en 2023, ils représentent déjà 20 % des salariés, taux qui pourrait atteindre 25 % dès… 2030 ! Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette évolution : le vieillissement de la population, l’allongement de la durée de vie ou encore la progression du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques. Les projections citées par l’Ocirp prévoient un doublement du nombre de personnes en perte d’autonomie entre 2013 et 2060.

Qui sera en première ligne pour soutenir toutes ces personnes ? Les aidants bien sûr, qui sont en majorité des aidantes (56 %), très largement salariés (61 %), proches familiaux de la personne aidée (87 %), avec une moyenne d’âge élevée (55 % ont plus de 55 ans) et dont plus de quatre sur dix (44 %) s’occupent de leur conjoint.

9,6 h par semaine

Leurs besoins sont déjà identifiés. C’est de temps dont les aidants ont le plus besoin. Une étude menée en septembre 2024, le groupe Bayard a mené une étude auprès des membres de sa communauté Bayard&Vous (659 répondants dont 76 % ont 50 ans et plus). Il en est ressorti que les salariés aidants consacrent en moyenne 9,6 heures par semaine au soutien d’un proche familial.

Cette durée se répartit principalement entre les parents (34 %), les conjoints (15 %), mais aussi des enfants (15 %) et des enfants en bas âge (11 %). Elle est consacrée à des promenades (49 %), des tâches administratives (42 %), les achats de provisions (37 %), les visites médicales (37 %) et les démarches numériques.

Un tel investissement a nécessairement des répercussions sur la santé des aidants. Selon une étude de la Drees réalisée en 2023, 66 % des femmes aidantes âgées de 45 à 60 ans se déclaraient en bonne ou très bonne santé. L’écart avec la moyenne de cette catégorie de la population atteignait 6,1 points de pourcentage. Une disparité du même ordre de grandeur se constate chez les hommes aidants de cette classe d’âge, même s’ils sont légèrement plus nombreux à se déclarer en bonne ou très bonne santé (68,1 %).

Préserver les aidants

Les aidants pâtissent d’une santé dégradée et ils doivent de surcroît travailler plus longtemps. Selon l’enquête menée en 2023 par l’Ocirp, un tiers d’entre eux déclare compenser son manque de productivité par une augmentation du temps de travail. De fait, les aménagements du temps de travail sont en effet encore trop rares : moins de 2 % des aidants déclarent en avoir bénéficié.

Une rareté qui tient aussi à la difficulté de faire part de sa situation à son employeur. Trop souvent, les aidants craignent d’être jugés, discriminés ou limités dans leur potentiel de progression professionnelle. De fait, à peine plus d’un tiers (35 %) des aidants actifs de plus de 45 ans estime être « bien reconnus » par leur entreprise selon l’enquête de l’Ocirp.

Comment les entreprises peuvent-elles relever ce défi et soutenir les aidants afin d’améliorer le taux de seniors dans l’emploi ? Les possibilités ne manquent pas. Elles vont du don de RTT à l’aide financière ponctuelle en passant par l’aménagement des horaires, le soutien psychologique ou encore l’aide aux démarches. Le choix est vaste mais il peine à se concrétiser dans les accords d’entreprise. L’enjeu est pourtant crucial : faute d’accord, nombre de salariés risquent de tomber malades. Leur absence aura un coût important pour les organisations à l’heure de la pénurie de compétences.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins