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Tableau de bord

Faut-il accroître la flexibilité du marché du travail ?

Tableau de bord | publié le : 01.02.2009 |

Gilbert Cette Professeur d’économie à l’université de la Méditerranée, membre du CAE

La France a un besoin structurel de davantage de flexibilité sur le marché du travail, car c’est un pays où l’espace de décision des partenaires sociaux et le droit conventionnel sont faibles et où l’intervention de l’état est très forte. Il est indispensable de favoriser le développement d’un véritable droit conventionnel. Par ailleurs, il ne faut pas associer nécessairement flexibilité et moindre protection, pour autant que cette dernière soit responsabilisante, qu’elle ne freine pas les adaptations et surtout qu’elle résulte d’accords avec les partenaires sociaux. Mais l’ampleur exceptionnelle de la crise invite à prendre des mesures de circonstance. Il n’est pas du tout absurde d’imaginer que l’état développe, transitoirement, des aides pour les chômeurs et les plus pauvres afin de limiter la casse sociale. Ces aides (une indemnisation chômage un peu plus longue et forte, par exemple) ne seraient pas financées par la protection sociale standard mais par une intervention temporaire de l’État. Le dernier accord sur l’assurance chômage va plutôt dans le bon sens, dans la mesure où il simplifie les filières. Mais il s’inscrit dans une logique structurelle et ne répond pas aux besoins immédiats.

Jean-Louis Levet Directeur général de l’Ires

La crise économique, amplifiée par la faillite d’une planète finance arrogante et irresponsable, accélère le processus de désindustrialisation du pays à l’œuvre depuis le début des années 2000 : recul de la production industrielle, investissement direct net négatif, demande des ménages durablement affaiblie. Conséquences : plus de chômage, plus de précarité, plus d’incertitude et une intensification des délocalisations intra-européennes. Devant un tel phénomène, la réponse ne peut se limiter à agir sur le seul marché du travail, soit en accroissant sa flexibilité, soit en protégeant les salariés. Dans les deux cas, le remède n’est pas à la hauteur des enjeux. De plus, nous restons, comme souvent, dans des logiques purement défensives. C’est une véritable stratégie de sortie de crise qu’il convient de mettre en œuvre, et avec un minimum de coordination à l’échelle européenne : une réorientation de la finance au service de la création de richesses réelles ; une politique industrielle destinée à répondre aux enjeux européens de souveraineté et aux besoins du futur ; une harmonisation tirant vers le haut les droits sociaux au sein de l’Union européenne.

Stefano Scarpetta Économiste à l’OCDE

Face à la montée rapide du chômage, la priorité est d’aider les travailleurs les plus défavorisés à garder un contact avec le marché du travail et à retrouver un emploi le plus tôt possible. La façon de répondre à ce défi dépendra de la situation spécifique de chaque pays et des effets des plans de relance macroéconomiques sur la demande de travail. Mais les politiques de l’emploi auront aussi un rôle important à jouer. Certains pays devront promouvoir l’accès aux allocations pour tous les chômeurs et peut-être prolonger temporairement celles-ci quand elles sont de très courte durée, à condition que les bénéficiaires s’engagent dans la recherche active d’un emploi et soient prêts à participer à la formation si nécessaire. En effet, les politiques d’« activation » des chômeurs ont joué un rôle important pour réconcilier la protection sociale et un taux d’emploi élevé. Il faut donc les préserver, même si cela peut exiger des ressources supplémentaires. Mais « activer » les chômeurs quand la demande de travail est faible est difficile. Des mesures de soutien à l’emploi pourraient ainsi être envisagées, même si elles devaient être temporaires et bien ciblées, par exemple pour les chômeurs de longue durée.

Pour en savoir plus

Centre d’études de l’emploi, le Contrat de travail. éd. La Découverte, janvier 2008.

Gilbert Cette, Productivité et croissance en Europe et aux États-Unis. éd. La Découverte, 2007.

Conseil d’analyse économique, rapport n° 68, « Temps de travail, revenu et emploi », déc. 2007.

Conseil d’analyse économique, rapport n° 79, « Salaire minimum et bas revenus », nov. 2008.

OCDE, Étude économique de la France, juin 2007.

www.oecd.org