logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Regards croisés sur la pauvreté

Idées | Livres | publié le : 01.02.2009 |

Image

Regards croisés sur la pauvreté

Crédit photo

La Régulation des pauvres, Serge Paugam et Nicolas Duvoux. Éditions PUF, collection « Quadrige ». 116 pages, 10 euros.

Deux sociologues tentent d’établir le bilan de trente années de recherche sur la pauvreté. Serge Paugam, le théoricien de la « déqualification sociale », et Nicolas Duvoux, qui fut son élève, sont d’accord pour souligner le caractère flou et relatif de cette notion. Serge Paugam n’y va pas par quatre chemins, rappelant que la pauvreté a une fonction économique, celle d’obliger une frange de la population à accepter, pour survivre, les « sales boulots » que le reste de la société ne veut pas faire. Nicolas Duvoux souligne le rôle décisif de l’état providence pour lutter contre la pauvreté, celle-ci étant, avant transferts sociaux, « deux fois plus importante qu’après ». Constat nuancé par Paugam, qui observe que la pauvreté ne se mesure plus seulement en termes monétaires et qu’un phénomène comme les « nouveaux pauvres » renvoie aussi aux failles de l’intégration sociale. Il revient sur sa typologie entre « fragiles », « assistés » et « marginaux » pour faire comprendre ce qu’il entend par « carrière des pauvres ».

Les deux auteurs se devaient de livrer leur diagnostic sur le RMI. « L’administration du social s’oriente désormais dans une double direction, note Nicolas Duvoux : l’individualisation, d’une part ; la territorialisation, de l’autre. » Il redoute que la décentralisation du système social conduise à son démantèlement. L’ouvrage se conclut sur la création du RSA, que Serge Paugam décrit comme un nouveau stade de la « régulation des pauvres » : « Du statut d’inutiles et d’inemployables, ils peuvent passer ensuite au statut de travailleurs ajustables aux besoins de la flexibilité de la vie économique. » On est en train d’instituer, selon lui, un nouveau statut, celui de « travailleur précaire assisté ». Sous-produit d’un mode de régulation corporatiste, à ses yeux, de la société salariale.