Au cours des vingt dernières années, les inégalités de revenus se sont accrues dans la plupart des pays de l’OCDE avec, pour effet, un accroissement de la pauvreté. En moyenne, selon un récent rapport de l’organisation internationale, les 10 % les plus aisés disposent de revenus neuf fois supérieurs aux 10 % les plus pauvres. Si les inégalités se sont aggravées, c’est en majeure partie à cause d’un marché du travail où les moins qualifiés rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver un emploi. Les inégalités de revenus, mesurées par le coefficient de Gini, restent plus fortes aux États-Unis qu’en Europe. Et, à l’opposé des tendances à l’œuvre dans les principaux pays industrialisés, la France se singularise par une réduction des inégalités de revenus au cours des deux dernières décennies. Les 10 % les plus riches y disposent de revenus six fois plus élevés que les 10 % les plus pauvres, un écart qui s’est réduit grâce à une baisse des inégalités salariales. Néanmoins, et la France n’échappe pas à cette tendance générale, disposer d’un travail ne suffit plus toujours aujourd’hui pour échapper à la pauvreté. Plus de la moitié des personnes pauvres (personnes qui ont un revenu inférieur à 50 % du revenu médian) dans les pays de l’OCDE ont un emploi. Outre l’évolution du marché du travail, avec l’augmentation du travail à temps partiel et du travail temporaire, deux autres facteurs expliquent cette hausse de la pauvreté : les changements de mode de vie, avec de plus en plus de personnes vivant seules ou en familles monoparentales, qui sont plus exposées à la pauvreté, et des politiques de redistribution fiscale et de prestations sociales qui ont moins d’impact qu’auparavant.

OCDE, Croissance et inégalités, novembre 2008. Coefficient de Gini des inégalités de revenus dans les pays

Selon l’Insee, le revenu salarial moyen (total des salaires reçus dans l’année) a progressé en France de 1,9 % en euros constants entre 2001 et 2006. Cette progression tient à la hausse du salaire journalier (+ 2,8 %) et à une baisse du nombre de jours rémunérés dans l’année (– 0,9 %). Cette évolution, en moyenne, masque néanmoins des disparités, notamment selon la catégorie socioprofessionnelle. Le revenu salarial des employés a diminué de 1,2 % tandis que celui des ouvriers progressait de 2,6 %. Les deux catégories ont pourtant connu une réduction du nombre de jours rémunérés, mais elle a été compensée pour les ouvriers par une hausse du salaire journalier, à l’inverse des employés. Les cadres ont, eux, vu leur revenu salarial progresser (+ 0,5 %), mais, au contraire des autres catégories, leur nombre de jours rémunérés a crû (+ 0,7 %) et leur salaire journalier a diminué (– 0,2 %).

En 2007, les recettes de la protection sociale se sont montées à 579,5 milliards d’euros, en hausse de 4,4 % en un an. Sur ce total, 65,4 % proviennent des cotisations sociales, qui demeurent donc la première ressource de notre système de protection sociale. Une part qui reste relativement stable depuis 2000. Viennent ensuite les impôts et les taxes (dont la CSG et la CRDS), qui y contribuent à hauteur de 124 milliards d’euros (21,4 %). Avec l’élargissement de la politique d’allégement de cotisations sociales, la tendance demeure à l’augmentation du financement fiscal de la protection sociale. En 2007, le montant des exonérations de charges représentait 28,2 milliards d’euros, dont 20,8 milliards étaient relatifs aux mesures générales d’allégements de cotisations. Au total, 92 % des exonérations ont donné lieu à une compensation par l’État ou à l’affectation de recettes fiscales.