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Un revers pour le mouvement syndical

ÉDITORIAL | publié le : 01.01.2009 | Denis Boissard

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Un revers pour le mouvement syndical

Crédit photo Denis Boissard

Tristes prud’homales. Si on craignait un nouveau recul de la participation, on n’osait imaginer une telle déconfiture : trois salariés sur quatre ont boudé les urnes, contre deux sur trois en 2002. Et, signe supplémentaire, et inquiétant, de l’influence déclinante du mouvement syndical, les journaux ont assuré le service minimum. Hormis un article le jour des élections et un autre le lendemain, aucun quotidien n’a jugé utile de consacrer sa une à cette photographie quinquennale, donc rare, de l’audience des organisations syndicales au sein du monde du travail. Les enseignements de ce scrutin ? Il y en a au moins trois.

D’abord, il s’agit d’un rendez-vous très institutionnel, loin des préoccupations quotidiennes des salariés. Ces derniers votent-ils pour désigner des juges, auxquels ils ne feront peut-être jamais appel, ou pour approuver les revendications de telle ou telle organisation syndicale ? Cette confusion des genres nuit fatalement à la compréhension du scrutin. Plus proches et plus lisibles, les élections aux CE continuent, bon an mal an, de recueillir les suffrages de six à sept salariés sur dix.

Ensuite, ce scrutin – national – est forcément sensible à l’actualitépolitique et à la conjoncture économique du moment. Résultat : en se positionnant comme opposants numéro un à la politique de Nicolas Sarkozy, Bernard Thibault et sa centrale tirent leur épingle du jeu. De surcroît, l’aggravation de la crise a sans doute contribué à orienter le vote vers l’organisation qui apparaît comme la plus pugnace pour défendre les salariés. Tandis que, à l’inverse, la CFDT, FO et la CFTC ont pâti d’un discours moins binaire et d’un positionnement plus nuancé. Mais, pour la CGT, c’est une victoire en trompe l’œil : elle perd en effet 112 000 voix entre 2002 et 2008 et ne recueille les suffrages que de 8,4 % des salariés inscrits sur les listes (contre 10,1 % en 2002). Pas de quoi pavoiser ! La poussée de l’Unsa et de Solidaires est purement mécanique : l’une et l’autre récoltent les fruits de leurs efforts pour présenter plus de candidats. La vraie surprise vient du bon score de la CFE-CGC, qui reprend la première place à la CFDT chez les cadres et gagne en pourcentage et en voix par rapport à 2002. Son discours fort et constant sur l’accroissement de la charge mentale de travail et la montée du stress est visiblement entré en résonance avec le vécu de nombreux cadres.

Enfin, une petite révolution s’est produite chez les patrons. Non seulement leur participation est en hausse par rapport à 2002, mais cette progression profite exclusivement aux employeurs de l’économie sociale. Ceux-ci ont en effet infligé un sérieux revers à la liste unitaire regroupant le Medef, la CGPME et l’UPA, en recueillant 19 % des suffrages et en grignotant ainsi près de 8 points au patronat « classique ». Il sera à l’avenir difficile de ne pas leur reconnaître une représentativité similaire à celle dont bénéficient leurs concurrents.

Auteur

  • Denis Boissard