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Éditorial

Les bricolages contestables d'un État impécunieux

Éditorial | publié le : 01.10.2008 | Denis Boissard

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Les bricolages contestables d'un État impécunieux

Crédit photo Denis Boissard

Les caisses de l'État sont vides et les finances de la Sécu en piteux état. Résultat : l'équipe au pouvoir, qui se voulait la championne de la baisse des prélèvements obligatoires, fait aujourd'hui feu de tout bois pour trouver de quoi renflouer l'État providence. En l'espace de quelques semaines a ainsi été annoncée une flopée de taxes et de contributions nouvelles.

Un inventaire à la Prévert dans lequel on trouve, entre autres, une taxe sur les complémentaires santé pour soulager l'assurance maladie, une surtaxe de 1,1 % sur les revenus du capital pour financer le RSA, une pénalité de 1 % sur les rémunérations au profit de l'assurance vieillesse afin de sanctionner les entreprises n'ayant pas élaboré de plan pour l'emploi des seniors, une prise en charge partielle par les employeurs des frais de transport de leurs salariés, etc.

Il y a plus inquiétant. L'État impécunieux lorgne avec envie les fonds gérés par les partenaires sociaux. Et, sous couvert d'améliorer l'efficacité de ces dispositifs – objectif vertueux –, il tente de faire main basse sur une partie de la manne pour financer ses propres politiques d'emploi, de formation ou de logement. Opération rondement menée avec l'assurance chômage passée sans coup férir, au nom de la nécessité d'unifier le service public de l'emploi, sous la coupe d'un nouvel opérateur dans lequel le poids du patronat et des syndicats a été dilué au profit de l'État. Rebelote avec le système paritaire de formation professionnelle, accusé de tous les maux (opacité, iniquité, etc., qui veut noyer son chien…) pour contraindre les partenaires sociaux à consacrer une part significative de l'argent aux jeunes non qualifiés et aux chômeurs, jusqu'alors pris en charge par l'État. Autre pactole dans le collimateur : le 1 % logement, que le gouvernement entend étatiser. L'étatisme chasse le paritarisme. Surprenante démarche de la part d'un pouvoir qui se revendique comme libéral. D'autant que si patronat et syndicats ne sont pas toujours des gestionnaires exemplaires, il reste à prouver que l'État fera mieux qu'eux.

Le souci de boucher les trous d'un État providence qui prend eau de toutes parts, tout en répondant coûte que coûte aux promesses du candidat Sarkozy, conduit en outre à des contorsions qui ne contribuent pas à la lisibilité des réformes. Exemple édifiant avec l'épargne salariale. Le projet de loi en faveur des revenus du travail entend booster les mécanismes de participation et d'intéressement. Dessein louable. Sauf que le gouvernement institutionnalise le déblocage de la participation. Est-ce cohérent avec la volonté qu'il affiche par ailleurs d'inciter les salariés à épargner pour compléter leur retraite ? Évidemment non. Mais il y a plus ahurissant : le plan de redressement de l'assurance maladie prévoit d'instaurer un prélèvement sur les sommes versées… au titre de la participation et de l'intéressement, des « niches sociales » qu'il conviendrait de supprimer. Y a-t-il une logique ? Oui, purement comptable.

Auteur

  • Denis Boissard