logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

Les accros du smartphone

Dossier | publié le : 01.10.2008 | S.G.

Ces petits bijoux permettent de téléphoner, bien sûr, mais aussi d'envoyer des e-mails, de gérer son agenda…Cadres dirigeants et nomades ne peuvent plus s'en passer.

En réunion, ils ont l'air absent, l'œil rivé sur leurs genoux et le bras gauche agité de mouvements à peine perceptibles : ce sont les accros du smartphone. On les appelle aussi les « crackberries », en référence à BlackBerry, la première marque de téléphone intelligent. Bien que celle-ci soit devenue le nom générique des smartphones, la marque canadienne ne détient plus, selon les pays, que 10 à 15 % du marché. Mais elle reste leader auprès des grandes entreprises, auxquelles elle propose des solutions de déploiement et d'administration centralisée très performantes. Pour les particuliers, les marques asiatiques sont en train de faire une percée spectaculaire. « J'ai choisi une marque de Hongkong devenue numéro un mondial des smartphones, confie Laurent Walter, ingénieur d'affaires chez Tyco Fire & Integrated Solutions. Non seulement je trouve que les BlackBerry sont très chers (400 euros, contre seulement 150 euros pour mon HTC qui a grosso modo les mêmes fonctions), mais je déteste l'idée d'avoir un système d'exploitation Windows. Les produits chinois ne se contentent plus de ne pas être chers : ils ont considérablement progressé dans leur technologie et, surtout, leur design, qui était leur gros point noir. »

En revanche, quand La Poste a décidé de proposer une « solution mobilité » à ses 100 cadres dirigeants particulièrement mobiles, elle s'est tout naturellement tournée vers BlackBerry. « Cette marque est devenue un véritable standard », commente Hubert Certes, directeur des services informatiques. Responsable du déploiement de cette solution, il se définit lui-même comme un accro du BlackBerry : « Au bureau, en week-end ou en vacances, je ne peux pas m'empêcher de consulter mon téléphone dès qu'un e-mail se présente et d'y répondre instantanément. » Sa collègue Mauricette Feuillas, directrice du développement de la communauté managériale du groupe La Poste, avoue elle aussi jeter systématiquement un coup d'œil dès qu'un bip la prévient de l'arrivée d'un e-mail. « Mais je ne réponds presque jamais, ou bien de façon très laconique (oui, non ou OK). » Non seulement elle ne se considère pas comme accro, mais elle se félicite au contraire de voir à quel point cet outil lui a « libéré l'esprit. Passant une bonne partie de mon temps hors de mon bureau, mon BlackBerry me permet de rester en contact permanent avec mon équipe ».

Les dirigeants d'abord. Dans le déploiement de leurs solutions de mobilité, les entreprises concentrent leurs efforts sur les cadres dirigeants (à La Poste, seuls les 100 top managers sur un effectif total de 320 000 salariés sont concernés) et les cadres nomades. Mais tous n'ont pas droit à un smartphone, même s'ils sont quatre jours sur cinq hors de leur bureau : « Les trois quarts de mes collègues ingénieurs en disposent d'un, souligne Laurent Walter. Mais ils l'ont acheté eux-mêmes. » Cadre dirigeant au sein du groupe agroalimentaire Sodiaal (Yoplait, Candia, Riches Monts), Pierric Magnin a hérité d'un BlackBerry. Il ne peut déjà plus se passer de sa boîte e-mail et, surtout, de son agenda géré conjointement et en temps réel avec son assistante. Il voit son smartphone comme « un outil intelligent, très utile quand on se déplace beaucoup ». Et que l'on sait s'en servir intelligemment… Car les smartphones sont, à l'instar de la plupart des logiciels, notoirement sous-utilisés par leurs possesseurs, « qui sont rarement capables d'exploiter plus de 10 % de leurs fonctions », estime le consultant Yan Valide (voir interview ci-dessus).

À chacun ses préférences : alors que l'essor des smartphones repose essentiellement sur le courrier électronique, Laurent Walter avoue n'utiliser que rarement cette fonction. Il privilégie le volet PDA de son téléphone, avec un recours permanent à l'agenda, au GPS et au téléphone. Directeur associé de l'agence de communication parisienne Clélia Com, Pascal Sellier raffole de son GPS intégré. Mais s'il a craqué pour BlackBerry, c'est d'abord pour la fonction d'échange d'e-mails : « J'évite ainsi de me retrouver face à une montagne de messages chaque fois que je rentre au bureau. Je réponds laconiquement aux messages les plus urgents : comme mon interlocuteur voit que je réponds de mon BlackBerry, il ne s'en offusque pas. Et, surtout, je détruis les messages inutiles. » Ce qui lui permet de gagner un temps fou… même s'il reconnaît qu'il n'est pas très élégant de consulter son smartphone en pleine réunion. « Je n'en suis pas fier, mais je ne peux plus m'en empêcher »

740 000

smartphones vendus en France en 2007 (trois fois plus qu'en 2006).

En 2008, il devrait s'en vendre 1,4 million

Près de la moitié des smartphones vendus en France coûtent moins de 150 euros (avec un abonnement) et 17 % sont facturés moins de 50 euros. (Estimation de l'institut GFK.)

3 QUESTIONS À YAN VALIDE

Président de Synca7, cabinet de conseil et de formation en utilisation des technologies de l'information

Les smartphones ne sont pas très difficiles à prendre en main. Pourquoi certains salariés ressentent-ils le besoin de suivre une formation ?

Les jeunes se passent très bien de formation. En revanche, les techniciens et les cadres en informatique ont besoin d'exploiter certaines fonctions qui méritent quelques explications. Enfin, certains cadres dirigeants, qui se sont vu remettre un smartphone par leur entreprise, ont un peu peur d'avoir l'air idiots avec : ils ont besoin d'aide pour le prendre en main.

Quelles sont les marques les plus utilisées en entreprise ?

Les BlackBerry peuvent être gérés par un serveur central. Ce qui explique (au-delà du fait que RIM, son fabricant, ait beaucoup axé son développement commercial sur les offres corporate) leur succès auprès des entreprises : quand un employeur déploie une « solution mobilité », il choisit généralement cette marque. En revanche, quand une personne achète elle-même son smartphone, elle opte pour un modèle ayant la même interface que son PC, ce qui la rassure : d'où le succès des pocket PC (avec une interface Windows Mobile).

Addiction ou intrusion dans la vie privée : quel est le risque principal ?

Le premier risque, c'est de perdre son smartphone ! Les entreprises dépensent des sommes colossales pour assurer la sécurité physique et informatique de leur activité. Néanmoins, elles n'ont pas peur de laisser ces petits ordinateurs, bourrés d'informations confidentielles, se promener dans la nature.

Auteur

  • S.G.