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Idées

Un État providence difficile à faire évoluer

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.09.2008 |

LES ECONOMIES PASSENT MAL

Plus encore que les réformes, ce sont les plans d’économies qui ont du mal à passer en France. D’abord, dans le domaine social, l’idée même d’économie n’apparaît pas légitime car elle est assimilée à une moindre protection, une moindre qualité. Longtemps les budgets publics étaient construits pour engendrer mécaniquement la progression des moyens. Dorénavant, avec la Lolf, les responsables publics sont invités chaque année à se réinterroger sur l’existant et à réallouer leurs moyens pour mieux répondre aux besoins. Mais faire mieux avec moins suppose de revoir organisations et processus. Cela prend du temps, d’autant que ça ne marche que si l’on obtient l’adhésion des personnels.

Une autre difficulté réside dans l’absence d’indicateurs incontestables permettant de mesurer l’efficacité de l’action publique et des services publics. Faute d’indicateurs de résultats, c’est la progression des moyens qui donne encore la mesure des priorités gouvernementales.

Par ailleurs, la multiplicité et la rigidité des statuts rendent difficile, sinon impossible, la réallocation des moyens en fonction de l’évolution des besoins et des possibilités technologiques. L’introduction des nouvelles technologies permet de faire d’importants gains de productivité dans certaines parties de l’administration, comme les impôts, mais le statut très avantageux des fonctionnaires dans ces services rend impossible leur affectation dans ceux où les gains de productivité sont moins évidents ou dans les services qui correspondent à des besoins nouveaux, sans même parler du problème de reconversion professionnelle.

UN PLAN MALADIE DISCUTABLE

Le plan d’économies de l’assurance maladie illustre ces difficultés. Devant le tollé provoqué par les propositions de la Cnam sur les affections de longue durée, le gouvernement a fait une prudente retraite alors que tous les experts s’accordent à reconnaître que le système très avantageux des ALD explique la plus grande part de la progression des dépenses. On peut regretter que l’idée de bouclier sanitaire avancée dans le rapport Briet-Fragonard n’ait pas été retenue, car elle constitue probablement le seul moyen de se sortir du gouffre des ALD.

Acculé à la nécessité de trouver des ressources à court terme, le gouvernement taxe mutuelles et compagnies d’assurances. Cela sans contrepartie, alors qu’elles pourraient être dotées d’intervention réelle sur le système par délégation partielle ou totale de la gestion du risque sur la base d’un cahier des charges imposant un panier de soins et empêchant la sélection des assurés.

DES CITOYENS CONTRADICTOIRES

Les spécialistes du marketing savent depuis longtemps que le consommateur peut être contradictoire. Il en est de même pour le citoyen. Sauf à imaginer que ce ne sont pas les mêmes, les Français voudraient à la fois voir baisser les prélèvements de toute sorte, mais sont viscéralement opposés à l’idée d’économie. C’est ce qui rend difficile la prise en charge des nouveaux risques, comme le montrent les débats actuels sur le cinquième risque.