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Enquête

Des clubs de pros à foison

Enquête | publié le : 01.09.2008 | Éric Béal, Fanny Guinochet

Dans le monde des DRH, ce ne sont pas les lieux d’échange et de réflexion qui manquent. Ni l’envie de gagner en influence.

Les réseaux centrés sur l’international

Il y a dix ans que le Cercle Magellan a perçu l’importance de l’internationalisation de la fonction ressources humaines. Cette société privée réunit près de 200 DRH d’entreprises mondiales basées en Europe, en Suisse, et même au Maghreb. Ce réseau se veut un espace de benchmark, dans un monde globalisé. L’adhésion – 5 480 euros annuels – donne accès à une dizaine de réunions par an ainsi qu’à des informations pratiques et des guides.

Personnel Association, créée à la fin des années 60, regroupe des DRH de sociétés anglo-saxonnes installées en France (IBM, Tayco, Otis…). Actuellement, l’association compte une soixantaine d’adhérents de groupes internationaux, français ou étrangers qui se retrouvent régulièrement. Les volontaires peuvent participer à des groupes de travail initiés par les pouvoirs publics. Oicos recense une trentaine de DRH d’entreprises ouvertes sur l’international (Coca-Cola, Eramet…), au cours de déjeuners mensuels consacrés à l’actualité juridique et sociale, aux enjeux et aux innovations en matière de RH. Une vingtaine de DRH de groupes européens (Valourec, BNP Paribas…) se retrouvent au sein de l’European Club for Human Resources. Cette association européenne, dont la cotisation annuelle s’élève à 5 500 euros, organise des séances de réflexion et d’échange de bonnes pratiques, des journées d’étude dans les capitales européennes et des séminaires. Elle se targue d’être un lobbyiste efficace auprès des instances européennes.

Les clubs de réflexion

Un grand nombre d’associations ont pour objet de réfléchir à l’évolution de la fonction RH et à son environnement. L’un des clubs les plus prestigieux, le Cercle Vinci, réunit une centaine de DRH, d’envergure européenne ou internationale, qui s’acquittent d’une cotisation annuelle de 500 euros pour assister à des dîners-débats. Le dernier, début juillet, a accueilli Raymond Soubie. Des petits déjeuners sont régulièrement organisés avec des conseillers ministériels ou des parlementaires. Son animateur, Sylvain Lecoq, souligne que les pouvoirs publics prennent l’habitude de s’adresser au Cercle pour rencontrer des DRH sur des questions d’actualité. Créé et soutenu depuis plusieurs années par Manpower, le Cercle s’est rapproché de Liaisons sociales en 2008. Huit fois par an, l’Agora des DRH réunit une cinquantaine d’adhérents d’entreprises de plus de 500 salariés autour d’un dîner, auquel un intervenant de la sphère sociale est convié. L’adhésion s’élève à 650 euros par an.

Association atypique de réflexion, d’étude et de conseil, Entreprise & Personnel fait varier le montant de l’adhésion en fonction des services demandés : analyse de l’actualité sociale, ateliers d’échange sur des pratiques avec d’autres responsables RH, réflexion thématique, conseil et accompagnement par des spécialistes. Les diplômés des grandes écoles disposent de clubs d’anciens spécialisés dans les RH, à l’instar du club RH de l’Essec animé par Jean-Marie Peretti, chercheur en management à l’Essec, ou du groupe RH des anciens élèves de Sciences po présidé par Jean-Yves Rémond, DRH des Galeries Lafayette. Ces réseaux font aussi office de bourses de l’emploi.

Enfin, les DRH de certains secteurs ont éprouvé le besoin de se retrouver autour de préoccupations propres. C’est le cas dans les médias où coexistent un club plus ou moins formel de DRH de la presse écrite et un club de DRH de l’audiovisuel animés par des responsables RH. Un club des DRH de la chimie existe aussi.

Les cercles liés aux consultants

Fondé il y a cinq ans par Edgard Added, le Mouvement Génération RH n’ouvre ses portes que sur cooptation. Originalité, il est accessible aux syndicalistes, universitaires et consultants. Il y a quelques mois, Edgard Added a lancé le Cercle Prospective RH. Ce think tank comprend près de 80 membres, chercheurs et sociologues.

Moyennant une adhésion de 1 950 euros, le Club DéciDRH propose quatre soirées et deux petits déjeuners par an. Une université européenne, organisée à Bruxelles en 2008, et une journée de rencontre font également partie de l’offre. En plus de ces événements, le Club a l’ambition de constituer un réseau relationnel capable d’aider les DRH à changer de poste. Directeur des relations institutionnelles du réseau Adia, Ghislain Missonnier a créé le Cercle Humania en novembre 2004, où l’on entre par cooptation. Il offre la possibilité d’assister à cinq ou six dîners annuels. Media Institute, un spécialiste de la formation, a également mis sur pied son Club DRH, qui propose des petits déjeuners avec un intervenant autour d’un thème lié aux RH. Enfin, Alithia, un nouveau cabinet de conseil installé dans l’Essonne, a lancé un autre Cercle de la Prospective RH en juin dernier.

Les cénacles confidentiels

Certains clubs cultivent la discrétion. Quadrilatère est de ceux-là. Ce club informel rassemble des DRH de grands groupes, des hauts fonctionnaires du social, des responsables de confédération syndicale et des journalistes. Vingt-quatre membres cooptés dont les échanges restent strictement confidentiels. Une façon de tester des idées et de faire passer des messages.

Créé par Michel de Virville, alors DRH de Renault, le Réseau des DRH du CAC 40 organise trois dîners par an pour les DRH des entreprises du CAC 40. Aucun intervenant extérieur n’est convié. Par comparaison, l’Institut Télémaque est plus traditionnel. Fondé par le cabinet Key People, organisme de formation et d’organisation de colloques, il propose, moyennant une adhésion de 4 500 euros, neuf ateliers de réflexion autour de sujets originaux tels le courage, l’autorité, l’altérité ou encore la notion de responsabilité. « Certains d’entre eux ont été l’occasion d’une véritable thérapie de groupe », indique son animateur, Philippe Le Roux. Plus ludique, le club Épicu RH rassemble des DRH amateurs de bonne chère. « Nous sélectionnons les nouveaux venus sur des critères discriminants : le feeling et l’empathie », indique son animateur, Jean-Michel Garrigues, directeur des ressources humaines et du développement du cabinet BLB. Fort d’une douzaine de membres, ce club très fermé est aussi le moins onéreux : la cotisation y est de 50 euros !

Depuis quelques mois, la nébuleuse des clubs de DRH français s’agite. Quatre d’entre eux ont décidé de parler d’une même voix afin de gagner en influence. Agora, Oicos, Personnel Association et European Club for Human Resources ont constitué une fédération des associations de DRH dotée d’une charte éthique de la profession. Lorgnant le fonctionnement de la Society for Human Resource Management, la puissante association des DRH américains, certains aimeraient même placer le nouvel organisme sous l’égide de l’ANDRH, l’association représentant les professionnels du secteur. C’est le cas de l’ancien président de Personnel Association, Dominique Vercoustre, DRH de Beauté Prestige International : « Regrouper les clubs autour de l’ANDRH, sans pour autant les fusionner, permettrait d’améliorer la visibilité de la profession et lui donnerait plus de poids vis-à-vis des pouvoirs publics. »

En attendant, les structures foisonnent. Certaines fonctionnent sur un mode associatif, d’autres sont adossées à une société de conseil ou de formation, voire à une entreprise purement commerciale. Inventaire – non exhaustif – de ces clubs et autres cercles où se retrouvent les professionnels des RH.

ANDRH

ANDRH5 000 adhérents, 80 groupes locaux, créée en 1947 sous le nom d’Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel.

Charlotte Duda, primus inter pares chez les DRH

L’ANDRH, que préside depuis 2004 Charlotte Duda, 52 ans, DRH de Stream International, est la plus ancienne et la plus importante association française de professionnels des RH. À la fois lieu de débats, d’échanges et de business, l’association dispose d’un cercle de réflexion, le Cercle Miromesnil. L’ANDRH est régulièrement consultée par Xavier Bertrand sur des sujets aussi divers que le temps de travail, le stress, l’insertion des jeunes… Un peu comme la Society of Human Resource Management, qui, avec plus de 225000 adhérents, est un lobby RH influent aux États-Unis.

Auteur

  • Éric Béal, Fanny Guinochet