L’enseignement des relations sociales n’avait jusqu’à présent jamais trouvé sa place à l’université. Dauphine répare l’oubli et lance un master dédié où DRH et délégués syndicaux partageront les mêmes bancs.
La représentation sociale n’est pas en bonne santé en France. Nous assistons au départ de toute une génération de directeurs des relations sociales et de délégués syndicaux centraux, et le passage de témoin ne se fait pas toujours. On risque de se retrouver face à un vide sidéral », affirme Gérard Taponat, DGRH de la mutuelle SMACL et enseignant en relations sociales à Dauphine. Pour préparer la relève, il a créé un nouveau master dédié aux « négociations et relations sociales ». Il ouvrira à Dauphine à la rentrée. « Au moment où la représentativité des syndicats est revue au niveau national, la question de la légitimité des compétences des élus va nécessairement suivre », explique Ludovic Agogué, responsable des ressources humaines de Castorama en Ile-de-France et intervenant pour le master. Une question qui peut également se poser du côté des équipes RH qui doivent trouver des négociateurs de qualité parmi leurs troupes. « Les organisations syndicales ont tout intérêt à participer à la formation des futurs DRH et à leur connaissance des relations sociales », souligne Jacques Mairé, chargé de mission auprès du secrétaire général de l’Unsa, qui devrait envoyer certains permanents volontaires en formation.
L’originalité de ce master est en effet de mixer les publics. Directeurs des relations sociales et délégués syndicaux sur les mêmes bancs, du jamais-vu en France. La matière étant tout juste abordée dans les masters RH et à peu près ignorée dans les grandes écoles, elle suscitait peu de vocations. « Les étudiants veulent tous devenir responsable de formation ou responsable RH. La fonction de DRS n’attire pas », souligne Gérard Taponat. Du côté des syndicats, en dehors des formations que peuvent proposer les grandes fédérations ou des organismes de formation spécialisés et s’adressant exclusivement aux IRP, il n’existait pas de formation diplômante capable de reconnaître les compétences des représentants du personnel. Pour les DRH, seules des formations comme celle proposée par le cabinet CAA et s’adressant aux managers de proximité pouvaient les aider à sécuriser le dialogue social dans leurs établissements. « Il est aussi nécessaire de rénover le dialogue social et d’en finir avec le système hérité de la lutte des classes. Nous nous plaçons dans une démarche prospective », conclut Gérard Taponat.
