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Idées

Le capitalisme dévorant de Michel Vinaver

Idées | Culture | publié le : 01.06.2008 | A. F.

Attention événement ! La représentation en intégralité, pour la première fois en France, de Par-dessus bord, de Michel Vinaver, fait déjà date. Parce que ce spectacle démesuré dure plus de six heures et nécessite 30 comédiens, danseurs et musiciens. Parce que la mise en scène de Christian Schiaretti, patron du TNP de Villeurbanne, sait rendre digeste sa démesure (60 personnages, 25 lieux) tout en restituant son foisonnement et son côté art total, par la musique, la danse, la vidéo. Parce que cette pièce écrite voici quarante ans est d’une grande justesse sur la mutation du capitalisme dans les années 60 : Michel Vinaver, 81 ans, était en 1966 P-DG de Gillette France.

Son double sur scène, c’est Jean Passemar (formidable Olivier Balazuc), cadre chez le fabricant de papier toilette Ravoire et Dehaze qui se rêve écrivain. Il puise sa matière dans la lutte de la PME contre un concurrent américain, qui finira par l’absorber. À travers lui, Vinaver raconte la fin du capitalisme à l’ancienne, l’adoption du marketing, l’arrivée de financiers au capital puis la manière dont on se débarrasse des salariés. Non sans burlesque. Ils font sourire, les pros du marketing, lorsqu’ils décortiquent le potentiel du papier toilette. Un produit symbolisant, pour Vinaver, un capitalisme qui dévore et absorbe tout. La mise en scène traduit cet appétit, avec l’évolution permanente de l’ingénieux décor de cartons. Il y a des longueurs. Malgré tout, mieux vaut l’intégrale que la représentation en deux séances. Pour rester dans le flux.

Par-dessus bord, Michel Vinaver. Jusqu’au 15 juin au Théâtre national de la Colline, Paris XXe. En intégrale le week-end. Du mardi au jeudi, première ou seconde partie.

Auteur

  • A. F.