En france, la réforme s’attache trop souvent à définir la situation souhaitée plutôt qu’à montrer le chemin pour y parvenir. Ce qui explique qu’elle suscite la coalition des contraires : ceux qui protestent contre la remise en cause des avantages acquis et ceux qui trouvent qu’elle ne va pas assez loin.
M. Larcher est un homme plus qu’habile : pragmatique. Plutôt que d’imposer d’en haut une restructuration de la carte hospitalière, comme ce fut le cas pour la carte judiciaire, plutôt que d’en définir les règles, il crée les conditions pour y parvenir et introduit çà et là des innovations prudentes mais de nature à déverrouiller le système.
Le regroupement en communautés hospitalières de territoire n’est ainsi pas obligatoire, mais c’est la condition pour bénéficier d’assouplissements de gestion et d’aides financières. Surtout, ce rapport ne remet pas en cause la tarification à l’activité, laquelle met en relation les moyens utilisés et les résultats en termes de nombre de malades soignés et de gravité des pathologies. Le succès du processus lancé par le rapport Larcher dépendra largement de la capacité des pouvoirs publics à résister à la tentation de compenser les déficits qui en résulteront pour les petites structures mal adaptées aux nouveaux besoins.
On n’y croyait plus, tant la situation paraissait bloquée par des intérêts trop divergents et la difficulté de négocier avec ceux dont l’avenir même est concerné. Et puis c’est arrivé. Les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur une position commune. Cet accord n’aurait jamais été possible du temps de l’hégémonie de l’UIMM et des négociateurs professionnels. Le choix d’un homme d’entreprise comme chef de la délégation patronale a sans doute pesé, comme a été déterminant celui de Cathy Kopp dans le succès de l’accord du 11 janvier sur la modernisation du marché du travail. On assiste depuis quelques mois à quelque chose qui pourrait se révéler une vraie révolution : le passage d’une culture de la confrontation à une culture de la coconstruction entre partenaires sociaux, au niveau interprofessionnel, comme c’est déjà le cas dans nombre d’entreprises.
Le contraste entre le nombre de chômeurs et celui des offres d’emploi non satisfaites est un problème récurrent. La difficulté réside dans la définition de l’offre « raisonnable » d’emploi, susceptible d’être imposée au chômeur. La pratique des plans sociaux, où l’OVE (offre valable d’emploi) joue un rôle pivot, montre la nécessité de trouver un accord sur ce point avec les partenaires sociaux qui tienne compte de la situation spécifique du bassin d’emploi.
Le gouvernement prend un risque à vouloir déterminer d’emblée des règles qui, pour être trop générales, seront fatalement très contestées. Il aurait été plus avisé de renvoyer ce sujet aux partenaires sociaux, qui avaient d’ailleurs indiqué dans l’accord sur la modernisation du marché du travail qu’ils étaient prêts à assumer leurs responsabilités sur le sujet.