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Idées

La précarité racontée à ceux qui ferment les yeux

Idées | Culture | publié le : 01.04.2008 | A. F.

Dans Le premier qui tombe, Franck Magloire montre les inquiétudes de la société actuelle. Poignant.

Hé toi ! Tu vas pas me laisser crever comme ça ? » L’entrée en matière est abrupte, aussi raide qu’on imagine être la vie de son auteur : un SDF échevelé (poignant Magne Havard Brekke) qui a établi domicile sur un quai de gare. On ne connaîtra ni son nom ni son prénom. Pas plus que ceux du cadre désabusé qu’il interpelle (excellent Thomas Cerisola), de l’ouvrière abîmée ou des deux jeunes là-bas, attendant sur le même quai.

Ce temps suspendu, l’auteur, Franck Magloire – déjà remarqué pour ses romans Ouvrière et En contrebas dont il s’inspire ici –, l’exploite à plein. Pour dérouler, entremêler et confronter le fil de ces cinq vies, et leur vision du monde, du travail, de l’engagement. Et autant dire que ça tangue entre le cadre « nourri à l’école de l’individualisme et de la performance », désormais aussi cynique qu’anarchiste, et les autres. C’est d’ailleurs tout l’objet du Premier qui tombe : dénoncer l’individualisme et faire réfléchir chacun d’entre nous sur l’évolution, et les dérives, du monde.

Au service de cette ambition, il y a un texte magnifique mais très dense, qui n’est pas facile à porter. La troupe de Catherine Gandois se sort pourtant aisément de cet exercice ardu, qui nous tient presque deux heures durant.

Le premier qui tombe, de Franck Magloire. Mis en scène par Catherine Gandois. Jusqu’au 12 avril, à la maison des Métallos. 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris XIe. 13 euros.

Auteur

  • A. F.