logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Repères

Avis de gros temps sur les réformes

Repères | Éditorial | publié le : 01.03.2008 | Denis Boissard

Image

Avis de gros temps sur les réformes

Crédit photo Denis Boissard

L’horizon s’obscurcit pour Nicolas Sarkozy. La brutale dégringolade de sa cote de popularité est une mauvaise nouvelle pour le chef de l’État, mais aussi pour tous ceux – à droite comme à gauche – qui croient à la nécessité d’engager vite des réformes structurelles, en profondeur, afin de sortir ce pays de l’ornière où il est englué (croissance mollassonne, endettement public excessif, compétitivité qui s’érode, chômage de masse, sous-emploi grandissant, comptes sociaux à la dérive…).

On peut être en désaccord avec ses mesures fiscales, sa politique en matière d’immigration, ses prises de position sur la religion, ou bon nombre de ses initiatives intempestives, mais l’honnêteté oblige à reconnaître que l’homme fort de l’Élysée fait le job. Et qu’on ne voit pas très bien aujourd’hui, parmi les hommes politiques de droite et de gauche, qui serait en mesure de le faire à sa place. L’alignement des régimes spéciaux de retraite, la fusion Unedic-ANPE, l’encadrement de l’exercice du droit de grève dans les transports publics de voyageurs, la modernisation du marché du travail (confiée aux partenaires sociaux)… sont autant de réformes qu’un gouvernement de gauche aurait pu – et dû – conduire. On peut en critiquer certaines des modalités, estimer que les changements qui en résultent sont trop importants ou trop timides, mais il est incontestable que ces réformes sont dans le droit fil des efforts de modernisation engagés chez la plupart de nos voisins européens pour rendre leur pays économiquement et socialement plus compétitif.

Il ne faut pas s’y tromper. Si elle perdure, la fin de l’état de grâce du président de la République lui compliquera forcément la tâche dans les mois à venir. La majorité parlementaire risque de devenir plus rebelle qu’elle ne l’est aujourd’hui. Et surtout, les opposants et corporatismes de tous bords vont reprendre du poil de la bête. Bref, même si le chef de l’État assume le fait d’être impopulaire en espérant que les Français lui sauront – au bout du compte – gré d’avoir modernisé le pays, le cap des réformes sera plus difficile à tenir. La reculade en rase campagne sur la déréglementation des taxis (même si l’affaire a été engagée de façon bien maladroite) ou encore les petits arrangements lâchés aux buralistes sur l’interdiction du tabac sont des indices préoccupants d’un relatif affaiblissement de l’exécutif.

Or beaucoup reste à faire. La poursuite de la réforme des retraites, la réorganisation de notre système de santé, la mise en place d’une branche dépendance, l’accélération de la modernisation de l’État, le chantier de la représentativité syndicale, la remise à plat de notre système de formation professionnelle… sont autant de réformes cardinales auxquelles l’Élysée et Matignon vont devoir s’atteler cette année. Il faudra beaucoup de détermination, d’abnégation et d’habilité à un président dont la popularité s’est fortement étiolée pour les mener à bien.

Auteur

  • Denis Boissard