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Vie des entreprises

Les baromètres sociaux refroidis par les 35 heures

Vie des entreprises | CONSEIL ET INFORMATIQUE RH | publié le : 01.02.2000 | Jean-Philippe Dubosc

Éclipsés par le chantier de la réduction du temps de travail, les sondages réguliers n'ont plus la cote dans les entreprises.

Dans Ressources humaines, le film électrochoc de Laurent Cantet sorti en salle le 15 janvier dernier, Franck, le fils arriviste, a une idée de génie pour accélérer la mise en place des 35 heures dans l'entreprise où il effectue son stage : inviter le personnel à donner son opinion sur ce sujet – ô combien stratégique ! – en répondant à un questionnaire ad hoc. Une idée directement inspirée de la réalité. « Pour trouver la formule de réduction du temps de travail la plus adaptée à leur organisation, de nombreuses entreprises ont interrogé leurs salariés via des questionnaires », constate en effet Hughes Roy, consultant associé au cabinet Arthur Andersen Management.

Ces pratiques ponctuelles ont apparemment sonné le glas des baromètres sociaux. « En outre, les 35 heures se sont accompagnées d'une relance de la négociation sociale sur le terrain. Du coup, les entreprises qui avaient instauré des baromètres pour prendre régulièrement le pouls de l'interne ne les jugent plus utiles aujourd'hui », poursuit le consultant. Danièle Gonzales, responsable de projets à l'association Entreprise et Personnel et coauteur, avec Martine Zabner, d'une étude sur les enquêtes d'opinion dans les sociétés (1), confirme : « Dans l'esprit d'une grande partie des directions générales et des DRH, les baromètres sociaux sont perçus comme des substituts au dialogue social. Si celui-ci fonctionne à nouveau, elles ne voient pas l'intérêt de continuer à utiliser cet outil. » Dommage ! Lorsqu'ils sont bien élaborés – l'étude d'Entreprise et Personnel pointe la médiocrité de certaines enquêtes –, les sondages réguliers de salariés présentent des avantages non négligeables. Primo, ces instruments ne se limitent pas à l'organisation du temps de travail, mais balaient des sujets beaucoup plus vastes (la formation, les rémunérations, l'adhésion à la stratégie de l'entreprise…). Secundo, en s'inscrivant dans le temps, ils permettent d'établir des comparaisons – positives ou négatives – riches d'enseignements.

Chacun sa recette

À contre-courant, certaines entreprises, comme Norauto, ont d'ailleurs compris l'intérêt des baromètres et comptent utiliser sur le long terme l'enquête mise en place à l'occasion de l'aménagement et de la réduction du temps de travail. « Le premier questionnaire aborde déjà des thèmes généraux comme le management, la formation ou la communication », explique Franck Dumouchel, responsable des RH de Norauto pour la région Sud-Ouest. À l'inverse, d'autres, qui avaient déjà l'habitude d'effectuer des sondages réguliers, y ont également recours pour la RTT. Le dernier baromètre de GrandVision, dont l'objectif était de mesurer l'adhésion du personnel aux valeurs du groupe, a ainsi permis une accélération de la négociation sur la RTT. « Il est ressorti de l'enquête une forte aspiration des salariés à conjuguer vie personnelle et vie professionnelle. Le message était clair : il fallait mettre le turbo sur le chantier des 35 heures », raconte Catherine Chouard, DRH du groupe.

(1) L'Enquête d'opinion : entre succès et soupçons, 34 pages, novembre 1999.

Auteur

  • Jean-Philippe Dubosc

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