Trois anciens lauréats jugent le concours Allègre mis en place en 1998 pour doper la formation continue à l'université.
Un projet associant plusieurs composantes de l'université, des formations diplômantes adaptées au public adulte, des locaux utilisés onze mois sur douze. Ce sont les critères de sélection du concours Allègre, ouvert aux universités depuis 1998. La première année, 77 établissements ont répondu à l'appel, 13 d'entre eux se sont partagé 92 postes d'enseignants et un peu plus de 9 millions de francs. L'an dernier, 48 projets (présentés par 55 établissements) étaient en lice. Neuf lauréats ont été retenus. À la clé : 30 postes d'enseignants et une enveloppe de 6 millions de francs.
Les trois universités grenobloises – associées à celle de Savoie, à l'Institut national polytechnique (INPG) et au Cnam – font partie des heureux gagnants de la deuxième vague. Elles ont engrangé 11 postes et 1,4 million de francs. Les partenaires s'engagent sur la création d'un lieu unique d'accueil pour les adultes et les entreprises, la mise en place de modules de formation qualifiante et l'adaptation, dans les trois ans à venir, de 10 filières de formation. Avec une double priorité : le développement de la VAP et des nouvelles technologies. « Le concours a été déterminant pour nous, se réjouit Noël Terrot, coordonnateur académique de la formation continue et de l'apprentissage dans le supérieur. Il nous a obligés à formaliser des projets épars et à la réussite incertaine. De plus, le conseil régional nous a octroyé 400 000 francs supplémentaires. Nous n'aurions jamais obtenu cette enveloppe si nous n'avions pas été lauréats. » Mais la nature des prix proposés par le ministre ne fait pas l'unanimité. Certes, les lauréats empochent sans rechigner les enveloppes financières. Mais les universités n'ont pas toujours besoin d'enseignants chercheurs pour monter leurs projets.
Premier problème : ces postes ne sont pas affectés aux services de formation continue – maîtres d'œuvre des projets – mais aux UFR impliquées. Deuxième écueil : ils concernent uniquement des enseignants chercheurs prioritairement dédiés à la formation initiale et à la recherche. Or les projets nécessitent souvent d'autres compétences. Pour faciliter l'accompagnement des adultes en reprise d'études, instaurer des structures d'autoformation et des modules interdisciplinaires, l'université de La Rochelle, lauréate l'an dernier, avait notamment besoin d'un ingénieur conseiller pédagogique, qui aurait assuré l'accompagnement des élèves, et d'un chef de projet, qui aurait restructuré les formations. Elle a hérité de trois postes de maîtres de conférences (et de 600 000 francs).
« La différence entre les moyens nécessaires et ceux obtenus nous oblige à une certaine gymnastique, note Jean-François Merling, directeur du service de formation continue de l'université. Nous n'avions pas prioritairement besoin de maîtres de conférences “classiques”. Nos recrues n'ont donc pas le profil type. » Même grief à l'université de Bourgogne qui a gagné 600 000 francs et quatre postes de maîtres de conférences en 1998. « Nous aurions préféré bénéficier de postes de Iatos (ingénieurs, administratifs, techniciens et ouvriers de services, NDLR). Nous avons notamment besoin de secrétaires », regrette Dominique Bourgeon-Renault, directrice du service de formation continue.