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Un bonus dopé par les 35 heures

Dossier | publié le : 01.02.2000 | E. B.

La volonté de plus en plus affirmée des responsables d'entreprise de lier rémunérations et performances économiques et la modération salariale née de la crise, puis des 35 heures, poussent au développement de l'intéressement.

L'intéressement a le vent en poupe. De 1300 en 1985, le nombre des accords signés est passé à plus de 14 600 en 1997, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Et les experts s'attendent que ce dispositif vieux d'une quarantaine d'années retrouve une seconde jeunesse à l'occasion des lois sur les 35 heures. « On ne peut pas tenir un discours qui associe modération salariale et accroissement important de la productivité en vue de financer les 35 heures sans accorder aux salariés quelques compensations », estime Hubert Roudot, directeur financier de Guy Degrenne. De fait, la dernière enquête de la Cegos sur le salaire des cadres et les 35 heures révèle que « les accords d'intéressement sont presque deux fois plus nombreux dans les entreprises qui ont signé un accord 35 heures anticipé que dans celles qui n'en ont pas encore signé ». « Parmi celles qui n'ont pas d'intéressement, une sur trois envisage sa mise en place en complément de l'accord 35 heures. Enfin, pour celles qui ont déjà un accord d'intéressement, la mise en œuvre des 35 heures est l'occasion, dans un cas sur quatre en moyenne, d'en revoir les critères ou les modalités de calcul. »

Une évolution irréversible

Reste que réduction du temps de travail ou pas, les accords d'intéressement font de plus en plus partie des mœurs. Contrairement à la participation, l'intéressement est un système facultatif. Il permet à l'entreprise d'associer ses salariés à ses résultats ou à l'accroissement de sa productivité. Sa mise en place passe par la signature d'un accord négocié avec les représentants du personnel. Officiellement, la répartition entre les salariés peut être uniforme, proportionnelle au salaire ou au temps de présence dans l'entreprise au cours de l'exercice. En réalité, elle s'individualise de plus en plus sous l'effet de la volonté des directions générales, soucieuses de lier augmentations salariales et performances économiques de l'entreprise. « Je crois à un processus d'augmentation des masses financières consacrées à l'intéressement, indique Philippe Subiron, responsable de l'épargne salariale et de l'actionnariat salarié chez Aventis. Car la tendance est d'associer les salariés à un processus de progrès. Chez nous, l'application de l'accord d'intéressement est de plus en plus décentralisé avec des modalités communes à toutes les sociétés du groupe et des paramètres propres à chaque entité ou établissement pour que les efforts des équipes soient précisément mesurables. »

Chez Mac & PC Partner, une PME de la VPC spécialisée dans l'informatique, les primes d'intéressement sont comprises entre 15 et 20 % de la masse salariale. « Elles ne sont versées que dans la mesure où le résultat d'exploitation de la société est supérieur à 15 % de la marge brute, précise Laurent Foucault, le P-DG. Mais nous avons opté pour un versement trimestriel, de manière à obtenir une constance des efforts fournis par les salariés. » Conformément à la loi, les primes d'intéressement ne remplacent pas des éléments de salaire préexistants chez le vépéciste. Mais il est permis de penser que, comme dans bon nombre d'entreprises de moins de 200 salariés, elles pallient le déficit d'augmentation générale des salaires. « Il existe probablement un lien entre l'intéressement et la politique salariale des entreprises, indique Sylvie Mabile dans une étude publiée par Économie et Statistique (Insee) en 1998. Dans les petites entreprises, l'intéressement serait utilisé comme un dispositif de flexibilité et de transfert de risque permettant de réduire le coût du travail en période de ralentissement conjoncturel. » On peut s'attendre que cette habitude se pérennise malgré la reprise économique.

Auteur

  • E. B.