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L'épargne salariale se démocratise

Dossier | publié le : 01.02.2000 | Éric Béal, Sabine Syfuss-Arnaud

274 milliards de francs ! C'est le montant faramineux de l'épargne salariale qui était accumulée dans les fonds communs de placement des entreprises à la fin juin 1999. Au début des années 90, on frôlait à peine les 80 milliards de francs. C'est dire si la décennie qui vient de s'écouler a été marquée par l'envolée de cette forme d'épargne. Et en particulier par celle de l'actionnariat salarié, dopé par les privatisations. Ils sont aujourd'hui environ un million à détenir un petit morceau de leur entreprise, souvent à la faveur d'une émission d'actions réservée aux salariés. Le mur entre le capital et le travail, longtemps resté infranchissable, s'en trouve ébranlé. Et le mouvement ne va faire que s'amplifier. Même un outil de motivation et de fidélisation comme les stock-options, jusqu'alors réservé à quelques privilégiés dans l'entreprise, devrait concerner à l'avenir un nombre de plus en plus grand de salariés. C'est en tout cas ce que souhaite la majorité. Longtemps méfiante sur le sujet, la gauche s'est convertie à l'épargne salariale, sous la pression des événements… et d'un avocat dénommé Dominique Strauss-Kahn.

Afin de favoriser le partage des fruits de la croissance, le gouvernement devrait déposer au printemps un projet de loi visant à clarifier les mécanismes d'attribution de l'épargne salariale et à la démocratiser. Plusieurs pistes de réflexion s'offrent à lui. Le député socialiste Jean-Pierre Balligand et l'ex-commissaire général au Plan Jean-Baptiste de Foulcauld préconisent dans un récent rapport la création de nouveaux produits d'épargne longue, en vue de la retraite. Michel Sapin, ex-ministre de l'Économie et membre du bureau national du PS, souhaite que l'épargne salariale fasse une entrée en force dans les PME. Et que l'on accorde aux salariés actionnaires un pouvoir de décision plus important. Tout dépend du rôle que l'on attend de l'épargne salariale. Forme de rémunération différée très pratique pour les entreprises au moment où l'économie s'emballe et où l'entrée en vigueur des 35 heures bride les politiques salariales, elle peut également devenir un enjeu de pouvoir. C'est toute l'ambiguïté de cette révolution financière qui consiste à transformer les salariés en actionnaires.

Auteur

  • Éric Béal, Sabine Syfuss-Arnaud