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Idées

Réformes : quelques sujets de réflexion

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.02.2008 | Bernard Brunhes

CE N’EST QU’UN DÉBUT…

Je ne voudrais pas gâcher l’enthousiasme de ceux qui célèbrent la signature de l’accord de « flexisécurité ». Et il ne faut pas bouder son plaisir lorsque l’on assiste à la conclusion d’une belle négociation interprofessionnelle. Cathy Kopp, pour le Medef, a été habile et tenace, les syndicats ont montré une bonne volonté à toute épreuve. L’État a su discrètement user de ses capacités de conviction… Mais, au total, soyons franc, s’il y a des progrès en termes de flexibilité, le volet sécurité est pour le moins modeste. Puisque l’on utilise un mot qui nous vient du Nord, il faut peut-être rappeler que, là-bas, la sécurité est fondée pour l’essentiel sur la mise en œuvre d’efforts partagés dans l’orientation et le reclassement des personnes en rupture d’emploi : effort des employeurs tenus de faciliter la reconversion de leurs salariés, effort des pouvoirs publics donnant les moyens d’un accompagnement personnalisé des demandeurs d’emploi, effort des intéressés eux-mêmes. L’accord ne parle pas de cela. Dommage ! Bien des idées avaient été émises (par exemple dans le rapport Cahuc-Kramarz que le ministre des Finances Nicolas Sarkozy avait commandé et célébré). Espérons que ce n’est que partie remise et que la suite viendra vite avec la réforme du service public de l’emploi et les futures négociations Unedic.

GPEC : ÉCHÉANCE 18 JANVIER 2008

J’étais de ceux que la loi instituant la GPEC avait laissés perplexes. Pourquoi fallait-il que l’État légifère sur les méthodes de gestion des entreprises et sur le contenu des négociations sociales ? Ma perplexité n’a pas faibli, mais il faut reconnaître un arbre à ses fruits. Les entreprises qui se sont lancées dans l’aventure (rappelons que la loi exigeait que les négociations sur la GPEC soient engagées au plus tard trois ans après sa promulgation, soit ces jours-ci) en ont tiré plusieurs bénéfices : les dirigeants et les managers de proximité ont découvert que la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences était bien utile, loin d’un joujou pour les seuls DRH ; les outils de mise en mouvement, de mobilité, de formation des salariés ont été mis en ordre et affinés, les relations sociales ont été approfondies. Pas si mal, finalement !

LE BOOMERANG DE LA LOI DALO

L’action des Don Quichotte a abouti l’an dernier à la création par la loi du droit au logement opposable. Là aussi, j’avais à l’époque exprimé ma perplexité, au grand dam de mes amis militants du logement social. Mais, dans ce cas, ma perplexité n’a fait que croître. Quel sens cela a-t-il de créer un droit que la société est incapable de respecter ? Il manque quelque 800 000 logements sociaux en France, dont la moitié dans la seule Ile-de-France. Répondre aux demandes de ceux qui viennent en réclamer l’application, cela revient tout simplement à modifier l’ordre de priorité, c’est-à-dire à faire passer les râleurs et les squatters devant les légitimistes et les modestes qui attendent patiemment, depuis des années, un tour qui ne viendra jamais. Avant que l’effort nécessaire de construction permette d’effacer de très longues années de retard, la gestion de ce droit risque de tourner à la crise.

Auteur

  • Bernard Brunhes