Pour convaincre, faut-il manipuler ? Chercheur au CNRS, Philippe Breton démontre de manière concrète et pratique qu’argumenter ne veut pas dire ruser et tromper, bien au contraire. Il soutient qu’on « peut très bien convaincre en argumentant, mais en n’étant par ailleurs pas très à l’aise avec la parole ». L’auteur dénonce ces stages où, sous prétexte d’apprendre à communiquer et à convaincre, on fournit des recettes manipulatoires. Il expose le protocole de la bonne argumentation en quatre phases : l’invention, l’élocution, la disposition et l’action. Tout en rappelant que cela ne marche pas toujours…
Convaincre sans manipuler, Philippe Breton.
Éd. La Découverte. 154 pages, 11 euros.
Pour comprendre l’évolution du rapport des cadres au travail, le sociologue Éric Roussel examine six biographies de cadres fouillées. Premier axe d’interrogation : comment ceux-ci ont-ils vécu le brouillage des figures du pouvoir dans l’entreprise, qui caractérise, selon l’auteur, les diverses reconfigurations de l’organisation de la production. Second axe : les métamorphoses de l’autorité. Exposé désormais au risque de chômage, le cadre a perdu un des principaux attributs qui contribuaient à son autorité. Le quotidien du travail, son contenu, ses à-côtés sont soumis à la même interrogation minutieuse. On se demande au terme de cet ouvrage si, en exigeant du cadre qu’il calque toute sa personne sur un modèle presque « monstrueux » imposé par le nouveau mode de gestion des entreprises, ce n’est pas sa part d’homme qu’on l’oblige à sacrifier.
Vie de cadres. Vers un nouveau rapport au travail, Éric Roussel.
Presses universitaires de Rennes. 270 pages, 20 euros.
La consultante Anne Dousset part en guerre contre le management actuel qui fait perdre aux salariés le plaisir de travailler. Fossé entre les stratèges et les opérationnels de terrain, mauvaise utilisation des compétences, gouvernance faussement efficace par la création de valeur : le procès est instruit à travers les mésaventures de cadres dirigeants. L’originalité de l’ouvrage vient de l’évaluation chiffrée du « coût du désengagement », servant à mesurer l’impact sur la compétitivité du « management à contresens » ainsi dénoncé.
Management à contresens… Combien coûte la démotivation ? Anne Dousset.
Eyrolles/Éditions d’Organisation. 122 pages, 20 euros.
Cet ouvrage propose la première synthèse sur ce que l’on appelle « les services à la personne », sans jamais détailler ce qui est mis sous cette dénomination. Ce secteur progresse à plus de 6 % par an, c’est-à-dire trois fois plus vite que le PIB. Le registre des activités recouvre cinq grandes catégories de domaines, répertoriées ici, le travail au noir y jouant un rôle plus important qu’ailleurs. Mais ce qui distingue peut-être le plus ce secteur des autres est la gestion des ressources humaines, « élément clé du process service ». La dernière partie de l’ouvrage permet quelques comparaisons avec d’autres pays. Utile.
Les Services à la personne : comment ça marche, Jean-Noël Lesellier.
Éditions Wolters Kluwer France. 280 pages, 19 euros.