logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Actu

Un patron de gauche reprend les rênes du social au Medef

Actu | Eux | publié le : 01.02.2008 | Fanny Guinochet

Image

Un patron de gauche reprend les rênes du social au Medef

Crédit photo Fanny Guinochet

C’est donc Michel de Virville qui reprend l’essentiel des prérogatives de Denis Gautier-Sauvagnac au Medef. Porté à la présidence de la commission relations du travail et politique de l’emploi, le secrétaire général de Renault succède également à Annie Thomas (CFDT) à la présidence de l’Unedic, avec un programme chargé, entre la signature d’une nouvelle convention d’assurance chômage et la fusion avec l’ANPE. Un costume taillé sur mesure pour ce spécialiste de l’emploi. Après un passage au CNRS, ce mathématicien de 62 ans commence sa carrière au Cereq, où il lance l’Observatoire national des entrées dans la vie active. Un outil inédit à la fin des années 70. En 1991, en tant que directeur de cabinet du ministre du Travail Jean-Pierre Soisson, il accompagne la négociation interprofessionnelle sur les CDD. Là encore, son analyse a un coup d’avance. Au point d’inspirer la loi et « de servir encore de référence aujourd’hui ». En 2004, il remet à François Fillon, alors ministre des Affaires sociales, un rapport préconisant un « contrat de mission ». À l’époque controversée, l’idée figure pourtant dans l’accord sur la modernisation du marché du travail que les partenaires sociaux viennent de signer.

« Michel de Virville a une vision prospective, reconnaît Fred Dijoux, délégué CFDT chez Renault. Dès 1999, il a mis en place l’accord 35 heures, prévoyant un droit à la formation, alors que le DIF n’existait pas. » Mais, dans les rangs syndicaux, il est surtout l’homme de la privatisation de Renault. « Celui qui annonce, en 1997, dans un grand hôtel, la fermeture de l’usine de Vilvorde », pointe Philippe Martinez, le délégué CGT de l’époque. « Dans cette affaire, Michel a endossé le mauvais rôle », rétorque Jean-Christophe Sciberras, son fidèle collaborateur des RH chez Renault. « Il m’a épaté, en gardant son calme. Les restructurations étaient un sujet tabou, il fut un des premiers à s’y coller », ajoute Bernard Lemée, l’ancien DRH de BNP Paribas. L’intéressé insiste, avec une précision d’orfèvre, sur les 3 050 personnes reclassées : « Ce n’était pas si facile, les gens ne sont pas de bois. »

Homme de réseaux, Michel de Virville exerce son influence à l’UIMM. Il n’a pas ménagé ses efforts pour que Frédéric Saint-Geours, « son candidat », en soit le nouveau président. Un engagement qui n’empêche pas cet ancien conseiller social de Laurent Fabius de se définir comme un « homme de gauche ». Si la Bible est son livre de chevet, ce fervent catholique a beaucoup aimé l’Élégance du hérisson. Un roman où l’auteur, Muriel Barbery, joue le peuple contre les élites…

MICHEL DE VIRVILLE

62 ans.

1968

Ingénieur de recherche au CNRS.

1988

Directeur de cabinet de Jean-Pierre Soisson, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation.

1998

Secrétaire général de Renault puis DRH groupe.

2007

Président de l’Unedic.

Auteur

  • Fanny Guinochet