La prise en compte de la pénibilité dans l’octroi d’un départ à la retraite anticipé doit être réservée aux seuls métiers dont la pénibilité a un véritable effet sur l’espérance de vie. » Lors d’une rencontre organisée le 5 décembre par l’Association des journalistes de l’information sociale, Raphaël Hadas-Lebel, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), a invité les négociateurs de la réforme des retraites de 2008 à faire en sorte d’éviter les dérives constatées lors de la mise en œuvre des « carrières longues ». Ce dispositif s’est en effet traduit, rappelle-t-il, par « un afflux de bénéficiaires plus important que prévu », sous l’effet notamment de « possibilités de rachat de trimestres assez libérales ». 103 600 personnes ont ainsi « effectué des régularisations de cotisations arriérées », observent les auteurs du dernier rapport du COR. Si la prise en compte de la pénibilité par les régimes de retraite se justifie sous certaines conditions, le COR constate aussi que les dispositifs existants ne sont pas satisfaisants. Qu’il s’agisse des préretraites amiante ou du classement en service actif de certains fonctionnaires et agents de régimes spéciaux. Ainsi, dans la fonction publique, où la moitié des départs à la retraite avant 60 ans sont liés à l’exercice d’un métier pénible ou dangereux, « l’obtention de cet avantage repose sur l’appartenance à un corps et non pas sur les fonctions réellement exercées par les agents ». Or « l’âge moyen au décès est à peine moins élevé pour les catégories actives que pour les autres agents ». Même situation pour les préretraites amiante où « le caractère collectif des critères d’accès » permet à « de nombreux bénéficiaires d’y avoir accès sans avoir jamais été exposés à l’amiante »…