Précarité de l’emploi et mal-logement ont connu un développement parallèle dans les vingt dernières années. La crise du logement est devenue une sorte de « pathologie chronique » de la société française, malgré un empilement de dispositifs destinés à répondre à une pénurie touchant principalement les populations à ressources faibles, modestes ou moyennes. La situation actuelle s’explique par un quart de siècle d’insuffisance de la construction : on estime le déficit à 800 000 logements. Mais les auteurs montrent que d’autres facteurs ont provoqué la crise actuelle. « La situation du mal-logement en France concerne ainsi plus de 3,2 millions de personnes mal logées et près de 6 millions de personnes en situation de réelle fragilité vis-à-vis du logement. » Et cela alors que la part des ressources des Français affectée au logement et à son fonctionnement a atteint un niveau historique en 2005, représentant le quart de leurs revenus. Comment expliquer cette situation ? L’ouvrage critique la politique du logement au cours des années 70, qui n’a jamais réussi à résorber le déficit de l’offre. Les mesures mises en œuvre dans les deux dernières décennies, privilégiant l’aide à la personne sur l’aide à la pierre, ont introduit beaucoup de confusion et de complexité dans le système. Surtout, elles ont profité en priorité à la partie supérieure de l’offre. Tout se passe comme si elles « niaient les profondes transformations sociales qui affectent la société française ». Société et logement connaissent des évolutions inverses : sur le front sociétal, la situation s’est fragilisée ; sur celui du logement, la tendance est au renchérissement. Ségrégation sociale et crise des banlieues ne seraient qu’une des nombreuses conséquences de ces évolutions.