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Idées

Les ressorts de la violence au travail

Idées | Livres | publié le : 01.12.2007 | H. G.

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Les ressorts de la violence au travail

Crédit photo H. G.

Conjurer la violence. Travail, violence et santé, sous la direction de Christophe Dejours. Éditions Payot. 316 pages, 23 euros.

L’actualité des travaux de Christophe Dejours, spécialiste reconnu de la souffrance au travail, s’est imposée avec la vague de suicides qui vient d’affecter nos deux constructeurs automobiles. Son nouvel ouvrage centre sa réflexion sur les formes de violence existant dans le monde du travail. L’une de ses thèses est que cette violence est inséparable des profondes transformations subies par les structures de l’emploi durant les trente dernières années et, bien sûr, de la montée du chômage de masse. Le travail est un puissant instrument d’intégration et de normalisation sociétale, tout en constituant pour l’individu un défi redoutable. « Si, pour travailler bien, il faut accepter de mobiliser la subjectivité tout entière avec une issue incertaine, observe le psychanalyste, force est de reconnaître que le zèle au travail implique souvent un risque pour la santé mentale. » L’enjeu de la reconnaissance symbolique que l’on recherche en remplissant au mieux sa tâche renvoie à la question de l’identité. Toutefois, ajoute l’auteur, « la construction de l’identité et de la santé mentale par le travail est fondamentalement tributaire de l’organisation collective du travailler ensemble ».

Constat préalable, l’usage de la violence comme exercice du pouvoir dans l’entreprise et les administrations est pratiquement absent en France. En revanche, beaucoup de professions sont exposées à une violence qui n’a rien d’anecdotique : personnels soignants des hôpitaux, policiers, travailleurs sociaux, agents des transports, enseignants en zones sensibles… Pour tous ceux-là, l’organisation du travail ajoute plus qu’elle ne retranche aux facteurs de violence. Quels sont-ils ? Selon Christophe Dejours, les « dégraissages » en font partie. Plus généralement, les restructurations sont porteuses de déstructurations et de tensions. La flexibilité a, elle aussi, des conséquences perverses. Les systèmes de qualité totale, enfin, contribuent à durcir le rapport au travail, favorisant un « décalage irréductible » entre prévisions et prescriptions, d’un côté, et travail effectif, de l’autre.

Pour conjurer cette violence sociale latente, l’auteur en appelle aux pouvoirs publics qui peuvent agir par le biais des politiques de l’emploi et de la législation du travail, comme l’a montré la loi contestée sur le harcèlement. Mais la balle est d’abord dans le camp des dirigeants d’entreprise dont les choix en matière d’organisation du travail sont évidemment déterminants.

Auteur

  • H. G.