Attention, création hors norme ! Voilà que sort la Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins, cinéaste anglais engagé dont la majorité de l’œuvre a connu des problèmes de diffusion. Cet opus sur la révolte du peuple parisien en 1871, réalisé en 1999, n’y a pas échappé. N’attendez pas de fresque avec Louise Michel ou Jules Vallès, ni de document pédagogique. Non, Peter Watkins donne à voir la naissance de la parole populaire. Il y excelle, en multipliant les récits individuels, les points de vue fragmentaires et contradictoires. Sans occulter les affrontements entre le peuple, les « gérants » de la Révolution et la garde nationale.

Au spectateur aussi d’interroger l’exercice de sa citoyenneté. Peter Watkins, virulent dénonciateur du formatage audiovisuel, nous renvoie à notre rôle critique en faisant exploser le cadre narratif. Le film se déroule avant, pendant et après le tournage. Une équipe anachronique de TV sert de fil rouge. Documentaire et fiction se mêlent dans les combats filmés caméra à l’épaule ou les interviews live. Et certains des 200 acteurs expriment leurs points de vue. Inégalités, place des femmes, racisme : nombreux sont les parallèles possibles avec aujourd’hui. Le résultat est à la hauteur de son ambition, protéiforme. On sort avec le tournis de cette expérience de trois heures et demie.

La Commune (Paris, 1871), de Peter Watkins (3 h 30).