La revue de la Mutualité se penche sur la série de suicides au travail qui a frappé les grands de l’automobile. Christophe Dejours, psychiatre spécialiste de la souffrance au travail, fait le lien entre ces suicides et les nouvelles organisations du travail, « qui isolent en même temps qu’elles surchargent les salariés ». Christian Cohidon, médecin épidémiologiste, responsable d’un département santé-travail, souligne que le phénomène est très difficile à appréhender. En France, seule une étude réalisée par l’Inspection médicale du travail en 2002 auprès de médecins du travail de Basse-Normandie servirait actuellement de base aux extrapolations nationales, qui parlent de 300 à 400 suicides par an.
Quels sont les effets de la place croissante des femmes aux postes de pouvoir dans le monde économique, social ou politique ? Cette question est le point de départ de l’article d’Annie Batlle. L’auteur observe que les femmes sont les plus ouvertes à l’innovation dans tous les domaines. Rappelant que, selon le Forum économique mondial, les femmes sont désormais à l’origine de 40 % du PIB des pays développés, Annie Batlle y voit un facteur indiscutable de dynamisme. Comme ces femmes doivent mener de front une double vie, professionnelle et familiale, « elles privilégient donc, pour elles et les autres, l’efficacité et les résultats ».
Dans la publication des jésuites, Pierre Panel, chef de service de gynécologie obstétrique, s’inquiète des effets sur les professionnels de santé provoqués par « la confrontation brutale, imposée par les faits, entre le monde de la médecine et celui de la gestion ». Il estime que si le besoin de soins et les possibilités techniques augmentent plus vite que la richesse du pays, les décisions à prendre ne peuvent être du seul ressort des médecins mais de chaque citoyen. Il pointe aussi l’insuffisance chronique de personnel, le poids des réglementations de toutes sortes et l’alourdissement du climat interne à l’hôpital lié aux débats éthiques qui agitent la société. Et plaide pour que la réforme de la gouvernance de l’hôpital public offre à toutes les catégories concernées le soin de se réapproprier les valeurs sur lesquelles celui-ci s’est bâti.
Le numéro du mois ouvre ses colonnes à une étude comparative menée par Jacques Donzelot de l’école en France et aux États-Unis. Le sociologue affirme que la France n’a pas à rougir de ses résultats comparés à ceux d’outre-Atlantique.
Toutefois, le rapport de force semble s’inverser au niveau de l’université. La différence radicale, très favorable aux Américains, se situe sur un autre plan : celui u bien-être à l’école.
Cet expert critique notre modèle « qui trie les meilleurs plus qu’il ne s’efforce de mettre au monde tous les élèves ». Ce qui compte, regrette-t-il, c’est toujours la sélection d’une élite plus que la mise en capacité de tous.
