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En Chine, Rhodia joue la transparence

Actu | Veille | publié le : 01.11.2007 | D. B.

Pour vérifier le respect des normes de l’OIT et de ses engagements sociaux, le groupe chimique emmène des syndicalistes enquêter sur place.

Sur le papier, rien à redire. On ne compte plus les groupes français qui s’engagent par voie de chartes ou d’accords à respecter un socle minimal de droits sociaux partout dans le monde. Question d’image vis-à-vis de l’opinion publique, des clients, des salariés, mais aussi des jeunes diplômés qu’ils cherchent à recruter. Reste à appliquer ces engagements sur le terrain, a fortiori dans des pays qui ne brillent pas par leur respect de la main-d’œuvre et de ses conditions de travail.

Délégation mixte. Soucieux de vérifier et de montrer que ses promesses ne restent pas lettre morte, le chimiste Rhodia s’est livré, à la mi-octobre, à un exercice de transparence inédit. Pendant près d’une semaine, une délégation composée de son patron, Jean-Pierre Clamadieu ; du DRH, Bernard Chambon ; du directeur du développement durable, Jacques Kheliff ; du secrétaire général de l’Icem (la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie et des mines, avec laquelle Rhodia a conclu en 2005 un accord mondial sur la responsabilité sociale), l’Allemand Manfred Warda ; et du numéro deux de ce syndicat, le Turc Kemal Ozkan, a longuement rencontré le management franco-chinois de Rhodia à Shanghai et visité, en présence de journalistes français, deux des sites de production proches de cette mégalopole.

Un voyage sur place dont Manfred Warda justifie la nécessité par l’absence en Chine d’organisations affiliées à l’Icem « susceptibles de lui faire remonter des renseignements sur ce qui se passe au sein des entreprises ». Difficile aussi d’obtenir des informations crédibles de l’ACFTU (All-China Federation of Trade Unions), cache-sexe du PC chinois au sein des entreprises, dont les délégués syndicaux se préoccupent plus de la cantine et des œuvres sociales que des intérêts des salariés.

Premier site visité, celui de Liyang, où est implantée la plus grosse usine chimique de Rhodia (570 salariés, tous chinois), acquise en 2000 dans le cadre d’un joint-venture, dans laquelle est traité le minerai de terres rares, matière première notamment utilisée pour les pots catalytiques automobiles. Les bâtiments sont vétustes mais propres. Photos à l’appui (avant/après), le directeur de l’usine montre les investissements réalisés pour moderniser les équipements et explique les actions entreprises afin d’améliorer les conditions de travail et la sécurité des salariés. Résultat : le taux de fréquence des accidents avec arrêt – incluant salariés permanents, précaires et sous-traitants – est descendu de 4,5 pour un million d’heures travaillées en 2002 à pratiquement zéro aujourd’hui. L’autre site est l’usine flambant neuve que Rhodia vient d’ériger sur le parc chimique de Zhenjiang, qui produit, avec 67 salariés (dont deux Français), du diphénol, substance utilisée dans la vanille artificielle. Très automatisée, l’usine est aux standards européens.

Batterie de questions. Les visites n’ont rien de protocolaire. Les syndicalistes de l’Icem ne se contentent pas des données qui leur sont fournies et soumettent les responsables français et chinois de Rhodia à une batterie de questions sur le statut des contrats de travail, la nature des actions de formation, le niveau des salaires, la fiabilité des taux d’accidents du travail, la couverture maladie et retraite, l’égalité hommes-femmes, le contrôle des fournisseurs et des sous-traitants, les modalités de la représentation du personnel… À l’issue d’une check-list plutôt convaincante – Rhodia précise notamment que ses engagements l’ont conduit à écarter un fournisseur moins-disant dans son activité de paracétamol, ainsi qu’un transporteur de matières qui faisait de la sous-traitance en cascade –, un point noir demeure : les carences en matière de représentation du personnel.

Jean-Pierre Clamadieu reconnaît que « des progrès restent à faire en matière de relations sociales, en raison des différences culturelles entre pays ». En aparté, Manfred Warda avoue toutefois sa satisfaction : « La démarche est exemplaire de la façon dont entreprises et syndicats doivent fonctionner ensemble. » Le prochain accord entre Rhodia et l’Icem – l’actuel doit être renouvelé en 2008 – devrait comporter des indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés. Utile.

Auteur

  • D. B.