Le soutien à la croissance potentielle, qui inscrirait la hausse du niveau de vie dans la durée, suppose une mobilisation accrue de la main-d’œuvre et, par conséquent, un meilleur fonctionnement du marché du travail. Pour cela, il faut agir sur le prix, l’offre et la demande de travail. Sur le premier point, il faut éviter de resserrer plus encore la fourchette des salaires (rapport entre le smic et le salaire médian), ce qui nuit à la mobilité. Et le niveau du smic ne doit pas décourager l’embauche des moins qualifiés. Du côté de l’offre, le travail doit être plus rentable. Pour cela, il faut mieux calibrer les dispositifs fiscaux afin de faire reculer les trappes à inactivité et subordonner davantage les indemnisations à l’effort de recherche d’emploi tout en offrant un soutien plus efficace aux chômeurs. Du côté de la demande, il s’agit d’éliminer les désincitations à l’embauche, au premier rang desquelles les incertitudes juridiques liées aux procédures de licenciement. Pour les contourner, les entreprises ont recouru plus massivement aux emplois précaires avec des conséquences doublement négatives : le creusement du dualisme du marché du travail et un moindre investissement en formation au sein de l’entreprise.
Grâce au papy-boom (départ à la retraite des enfants du baby-boom), alors qu’arrivent aujourd’hui sur le marché du travail les classes creuses des années 80, le taux de chômage va mécaniquement baisser. Néanmoins, pour que la décrue se poursuive, l’avantage démographique ne suffira pas. La France a d’abord besoin d’une croissance structurelle d’au moins 2,5 % par an, contre 1,9 % actuellement. Cet objectif ne sera atteignable qu’en modifiant profondément le fonctionnement de l’économie française, notamment via une réduction massive de la pression fiscale et une baisse au moins équivalente et simultanée des dépenses publiques. Sinon le déficit se creusera, la fiscalité augmentera de nouveau et la croissance repartira à la baisse. Dans le même temps, la France devra aussi réduire la pression réglementaire qui pèse sur les entreprises, assouplir son marché du travail, augmenter la mobilité sectorielle et géographique, tout en instaurant une meilleure compatibilité entre les formations scolaires/universitaires et les besoins en main-d’œuvre. Si nous y arrivons (hypothèse certes optimiste), le taux de chômage pourra atteindre les 6 % à l’horizon 2015.
La France connaît une crise d’offre presque sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour reconstruire une offre compétitive et développer les créations d’emploi, il faut orienter l’action publique vers le soutien de la recherche et de l’entreprise. Plusieurs actions doivent être menées : faire des universités le support d’une recherche d’excellence en modifiant leur gouvernance, leurs modes opératoires et en augmentant massivement leurs moyens (de 5 à 7 % en euros constants pendant dix ans) ; concentrer les pôles de compétitivité et augmenter leurs financements. Il faut aussi favoriser le développement de nos PME, notamment en dirigeant vers elles une part significative de la recherche et des commandes publiques et en baissant le taux de l’impôt sur les sociétés sur une première tranche de bénéfices mis en réserve. L’État stratège doit encourager massivement l’essor des PME, favoriser la mutation vers une « éconation », c’est-à-dire un pays tourné vers les filières technologiques de croissance « propre », et organiser un effort massif de recherche dans deux secteurs fondamentaux : les technologies de l’information et de la communication et les biotechnologies.
OCDE, rapport sur « les perspectives de l’emploi », édition 2007.
ACDE (Aux commandes de l’économie)
Institut de l’entreprise,
« Cahiers français », n° 330, le Modèle social français, La Documentation française, 2006.
Conseil d’analyse économique, le Plein-Emploi, rapport de Jean Pisani-Ferry, 2000.
