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Idées

Le roman au boulot

Idées | Culture | publié le : 01.10.2007 | A. F.

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Le roman au boulot

Crédit photo A. F.

Le travail occupe une place de choix dans cette rentrée littéraire 2007

Décidément, le monde du travail fait un retour remarqué dans la fiction, ne se contentant plus d’être une toile de fond mais la matière du récit. À commencer par Open Space (éd. Denoël), premier roman de l’Américain Joshua Ferris, qui dépeint la vie de bureau à travers la faillite post-11 septembre d’une agence de pub new-yorkaise. L’auteur croque avec un mélange de cynisme et de tendresse le mal-être de « râleurs trop bien payés » rêvant de partir pour l’Inde mais ne cédant jamais à leurs pulsions. Vols de fauteuils, crise de nerfs d’un employé qui tire sur ses collègues… avec des balles de peinture : quand les têtes tombent, la tension monte pour notre grande jubilation. L’ironie est plus douloureuse dans Licenciement pour faute (éd. L’Harmattan) de Lilas Pommier, autre premier roman qui narre le recrutement de la jeune Lilas dans la cellule de reclassement chargée de trouver un emploi à son propre père. Employé dans une agence locale pour l’emploi, l’auteur décrit avec réalisme les méthodes de la cellule de reclassement, cette quête « des statistiques chiffrées », et réussit à nous faire ressentir toute la dureté du sentiment d’humiliation. Même peur du déclassement social dans Héroïque d’Iris Wong (éd. Stock) : encore un premier roman qui retrace le combat d’une fille de licencié. Une ado qui n’a qu’un but, rendre sa dignité à son père camionneur, et qui va exercer un chantage sur son ex-patron pour le faire réembaucher. On se demande toujours où est le vrai et où se niche le fantasme dans ce roman réussi, mi-social, mi-psychologique.

C’est le licenciement aussi qui a conduit Marie, l’héroïne ex-caissière d’Olivier Adam (À l’abri de rien, éd. de l’Olivier), à une vie de peu. « L’ANPE et les annonces une fois par semaine, les Assedic au début du mois, les gamins, le bain, les devoirs, les repas, la vaisselle, le linge et le ménage, les courses chez Ed ou à Carrefour quand ça me déprimait trop. » Cette désespérance la poussera à aider les réfugiés errant dans Calais, au point de s’y perdre. Solidement ancré dans le réel, ce sixième roman d’Olivier Adam retravaille le même sillon que les précédents : la quête de sens.

Loin de toutes ces désillusions et de la fiction, un recueil de photos de Paul Almasy, commentées avec talent par Bernard Chambaz : les Vingt Glorieuses, la vie quotidienne en France 1950-1970 (éd. Seuil) narrent les vingt années de croissance exceptionnelle qui marquent la naissance de la société de consommation. Une autre époque où l’automobile devenait un rêve accessible, où le Club Med prônait une « société sans classes, sans frontières » et où le monde industriel « était un vecteur de la grandeur française ».

Auteur

  • A. F.