Satisfaction chez les salariés tricolores d’ArcelorMittal ! C’est un Français de 46 ans, Bernard Fontana, qui a été placé par le milliardaire indien Lakshmi Mittal à la tête de la DRH du groupe sidérurgique. Également vice-président exécutif, ce polytechnicien succède à Inder Walia, ex-DRH de Mittal Steel, qui était assisté de Gilles Biau, ex-DRH d’Arcelor aujourd’hui retraité. Un préalable positif pour tous ceux qui dénoncent l’omniprésence des « Mittal’s boys ». « Lors de la fusion, Lakshmi Mittal s’était engagé à garder des Français parmi les cadres dirigeants, commente Patrick Auzanneau, de la CFDT. Or ils ne représentent qu’un quart des cadres dirigeants du management committee. » La nomination de cet ingénieur, entré il y a à peine trois ans dans le monde de la sidérurgie après avoir accompli toute sa carrière dans la chimie, à la Société nationale des poudres et explosifs, n’en provoque pas moins des remous. Son parcours éclair chez l’ex-Arcelor, d’abord comme DRH de la branche Europe des aciers plats puis, après la fusion, en tant que responsable des activités automobiles mondiales, constitue un atout pour certains. « Nouveau venu dans la sidérurgie, il n’a ni la culture Arcelor, ni la culture Mittal, ni de rancunes particulières », juge un cadre. Une faiblesse, au contraire, pour la vieille garde Usinor : « Nous étions persuadés que le nouveau DRH viendrait de l’extérieur, faute de voir en interne quelqu’un qui avait la carrure. Car ce poste exige une autonomie de pensée et une vision de la place de l’homme dans l’entreprise. »
Un scepticisme que l’intéressé balaie avec flegme : « Cela a du sens de confier des responsabilités à des managers mobiles et ayant une vision internationale. C’est une priorité chez ArcelorMittal », explique le nouveau DRH de ce groupe de 320 000 salariés. L’ampleur du défi n’est pas pour déplaire à ce natif de Madagascar, arrivé à 12 ans dans l’Hexagone, dont le parcours a été émaillé de missions délicates. Comme la gestion des conséquences de l’explosion d’AZF sur le site voisin SNPE. Sa priorité ? « Accompagner la stratégie de croissance », via un encadrement renforcé, une mobilité internationale plus importante et, enfin, un dialogue social de qualité. Pas de quoi déplaire aux syndicats. « Depuis la fusion, nous n’avions plus d’interlocuteurs côté direction. Nous souhaitons que l’instance européenne soit réactivée », souligne Jacques Laplanche, secrétaire cégétiste du CEE. Car nombreuses sont les questions soulevées par la nouvelle stratégie d’ArcelorMittal, à commencer par la décision de maintenir les filières chaudes en Europe.
BERNARD FONTANA
DRH groupe d’ArcelorMittal.
ÂGE
46 ans.
PARCOURS
1986 : intègre le groupe SNPE comme ingénieur.
2001 : est nommé directeur général adjoint, chargé de la chimie.
2004 : entre chez Arcelor, à la branche des aciers plats au carbone.