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Enquête

Comment s’y prennent nos voisins

Enquête | publié le : 01.09.2007 | Éric Jozsef, Marie-Line Darcy, Olivier Truc

La concertation n’est pas toujours un préalable. Les gouvernements de rupture, élus sans peine, passent en force. C’est le cas au Portugal et en Suède. Contre-exemple : l’Italie. Mal élu, Romano Prodi a besoin des partenaires sociaux pour réformer.

Italie

Une si longue négociation

L’accord avec les syndicats doit être signé à tout prix », a prévenu le président du Conseil Romano Prodi. Promise dans son programme électoral, la révision de la réforme des retraites voulue par le précédent gouvernement Berlusconi a finalement été signée avec les syndicats le 20 juillet. Mais non sans mal. Fidèle à sa tradition de conciliabules à rebondissements entre partenaires sociaux et gouvernement, l’Italie a enchaîné depuis le printemps une sorte de table ronde permanente. Il s’agit en réalité de la cinquième réforme en quinze ans. La dernière avait prévu de faire passer l’âge de la retraite de 57 à 60 ans en une nuit, le 31 décembre 2007. Le centre gauche ramené au pouvoir en 2006 s’est engagé à introduire une dose de progressivité dans le passage à 60 puis à 62 ans. Après six mois de discussions informelles, le gouvernement a officiellement relancé en mars la concertation, invitant à la table des négociations 39 organisations, dont les trois grandes confédérations syndicales, CGIL, CISL et UI, et la Confindustria, l’association patronale. « Ne disposant que d’une très faible majorité au Parlement, le gouvernement Prodi ne peut pas passer en force, comme Silvio Berlusconi, qui disposait d’une marge de 100 députés. La concertation est une voie obligée », note le porte-parole de la CISL, Salvo Guglielmino. « Mais, ajoute-t-il, la concertation avec les partenaires sociaux fait aussi partie de la philosophie du Premier ministre. »

En trois mois, différents accords ont ainsi été conclus sur les amortisseurs sociaux, la réévaluation des petites retraites, l’établissement de zones franches dans le Mezzogiorno ou la détaxation des heures supplémentaires. Le récent protocole sur les retraites prévoit bien d’étaler sur trois ans l’âge minimal de départ à la retraite. Mais, en paquet-cadeau et sans négociation avec les syndicats, le gouvernement Prodi y a glissé des modifications concernant les contrats de travail (loi Biagi). La CGIL s’est résignée à signer l’accord tout en déplorant la méthode. De nouveaux claquements de portes sont à prévoir.

E. J.

Auteur

  • Éric Jozsef, Marie-Line Darcy, Olivier Truc