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Enquête

Comment s’y prennent nos voisins

Enquête | publié le : 01.09.2007 | M.-L. D.

La concertation n’est pas toujours un préalable. Les gouvernements de rupture, élus sans peine, passent en force. C’est le cas au Portugal et en Suède. Contre-exemple : l’Italie. Mal élu, Romano Prodi a besoin des partenaires sociaux pour réformer.

Portugal

Un passage en force

Le candidat socialiste à la présidentielle José Socrates l’avait promis. Arrivé au pouvoir en 2005, il a lancé dès le printemps suivant la réforme de la fonction publique portugaise. « Notre stratégie, à court et à long terme, c’est de réduire le nombre de fonctionnaires, mais aussi de rajeunir l’administration et d’augmenter la qualification », explique Jorge Figueiredo, secrétaire d’État chargé de l’administration. Le chantier est à la mesure de la taille de la fonction publique : 750 000 fonctionnaires, soit 14 % de la population active. Un « monstre » qui pèse 14,5 % du PIB, contre 11 % en moyenne en Europe. La réforme, baptisée Prace, a consisté d’abord en une refonte des services, avec la disparition pure et simple de dizaines d’entre eux, leur restructuration et leur concentration, assorties parfois de nouvelles créations. Pour faire passer la pilule, le gouvernement a utilisé tout l’arsenal possible : résolutions en Conseil des ministres, décrets, circulaires et projets de loi. Et, à l’image du système français, il a aussi lancé des négociations avec les partenaires sociaux. Seul le Fesap, affilié à l’UGT, proche des socialistes, a donné son aval aux projets de loi sur les fonctions, carrières et rémunérations des fonctionnaires ainsi que sur leur évaluation.

« Les situations de rupture ou de quasi-rupture se sont présentées à plusieurs reprises, mais le gouvernement a cédé sur l’évolution des carrières pour permettre d’arriver à un accord », explique Jorge Nobre dos Santos, du Fesap. Ce qui n’est pas du tout l’avis de la CGTP, principale confédération syndicale au Portugal. « Nous ne critiquons pas la réforme en tant que telle. Mais nous nous opposons à l’utilisation de l’argument du déficit pour justifier la remise en cause de notre statut de fonctionnaire inscrit dans la Constitution », estime Ana Avoila, responsable des négociations pour la CGTP, qui a refusé de signer les accords. À la limite, peu importe, estiment les experts : fort de sa légitimité au Parlement, le gouvernement passe en force. Et, malgré les grèves qui ont eu lieu dans la fonction publique à l’automne dernier et celles à venir, promises par les syndicats dès ce mois-ci, la réforme devrait voir le jour.

Auteur

  • M.-L. D.