Le constat est récurrent : d'un côté, un taux de chômage des 15-24 ans qui dépasse les 20 %, près de 130 000 jeunes qui quittent le système scolaire sans qualification ; de l'autre, des employeurs en quête de main-d'œuvre dans le BTP, les transports, les services à la personne, le commerce, etc. À la recherche de candidats, la société d'intérim Creyf's a décidé d'informer les élèves de 3^e (dans le cadre de l'option « découverte professionnelle ») et de lycées professionnels sur les métiers d'avenir. La société d'intérim, basée en Belgique et comptant 200 agences en France, a contacté près de 2 000 établissements, en ciblant les conseillers d'information et d'orientation. « En nous appuyant sur des enquêtes prospectives, nous présentons aux élèves les métiers qui offriront le plus de débouchés tant en France que dans leur région, explique Céline Baumann, directrice marketing et communication. Finalement, cette opération ne s'éloigne pas tant de notre vocation, qui consiste à rapprocher l'offre et la demande de travail. » Creyf's profite de ces rencontres pour exposer les principes du travail intérimaire, méconnu des jeunes. Pour Pierre Lunel, délégué interministériel à l'orientation, « le secteur privé s'intéresse depuis longtemps au marché de l'orientation, tenu jusqu'à il y a peu pour quantité négligeable par le public ». Avec le risque que le privé prêche pour sa paroisse. Recrutant essentiellement pour des postes d'ouvriers, d'employés et d'agents de maîtrise, Creyf's cible de préférence les filières techniques et les niveaux de qualification moins élevés. Dans son schéma national de l'orientation et de l'insertion professionnelles remis en mars dernier au précédent gouvernement, Pierre Lunel préconisait 28 mesures pour relever le défi de l'insertion et améliorer le dispositif d'orientation, et réclamait « une impulsion nationale pour coordonner l'action des principaux acteurs et améliorer la visibilité du système ». Car, selon un sondage réalisé en mars par Opinionway pour l'Afpa, plus d'un Français sur deux souhaite changer d'orientation professionnelle. Mais 60 % ignorent à qui s'adresser. Pour rendre accessibles au plus grand nombre ses services d'orientation, l'Afpa a lancé successivement trois plates-formes Internet. De son côté, l'Onisep expérimente à Amiens et à Strasbourg un service Web de réponses personnalisées. La bataille de l'orientation ne fait que commencer.