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Idées

Pour une politique des âges de la vie

Idées | Livres | publié le : 01.06.2007 | H. G.

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Pour une politique des âges de la vie

Crédit photo H. G.

Philosophie des âges de la vie, Éric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot. Éditions Grasset. 540 pages, 20,90 euros.

Chômage des jeunes, désocialisation des enfants des banlieues, problèmes financiers pour la retraite, remise en cause de l'école, crise d'identité des Français : toutes ces questions qui furent au cœur de la campagne électorale renvoient à un thème plus « philosophique », celui de la confusion des âges de la vie. Telle est l'analyse d'Éric Deschavanne et de Pierre-Henri Tavoillot. « L'enfance est un problème, l'adolescence, interminable, la maturité, introuvable, et la vieillesse, ennemie », observent les deux auteurs. Cette indétermination des âges est au cœur de beaucoup de polémiques actuelles, de la crise de l'éducation au désarroi de la société face à la problématique de la retraite. L'allongement spectaculaire de l'espérance de vie s'est payé d'une incertitude « sidérale » dans la manière de conduire sa vie, au niveau individuel comme au niveau de l'ensemble de la société.

Le symptôme le plus grave, aux yeux des deux philosophes, c'est la crise de l'âge adulte, doublement ébranlé par, « d'un coté, une adolescence qui s'éternise, de l'autre, l'émergence du nouvel âge de la retraite active et épanouie ». Les rites d'entrée dans la vie adulte – obtention du diplôme, premier emploi ou salaire – sont en voie de disparition. Même le mariage est susceptible d'être remis en cause. À l'autre bout, on voit des quinquas recommencer une deuxième vie : nouvelles activités, autre vie amoureuse, décor quotidien bouleversé… L'Ined a constaté que le nombre de divorces de couples de plus de 60 ans avait doublé depuis 1985. Par ailleurs, dans des domaines comme l'esthétique, la consommation et la sexualité, « la culture jeune a affirmé sa supériorité et sa domination sur la culture adulte ».

La seconde partie de l'ouvrage s'attache à montrer que « la confusion des âges n'est pas une fatalité ». Deschavanne et Tavoillot tentent de définir ce que pourrait être une nouvelle politique des âges de la vie, dans laquelle se trouvent, selon eux, les solutions recherchées à la crise de l'État providence. « La traditionnelle police des âges, qui servait de support à la protection sociale, trouve ses limites évidentes », affirment-ils, prônant la substitution d'un « État solidaire » à un État providence, dont les deux missions fondamentales seraient « la production et la protection de l'adulte ». Au moment d'aborder une nouvelle ère de notre vie publique, voilà un excellent outil d'évaluation de l'action gouvernementale sur les sujets de société.

Auteur

  • H. G.