Jacques Attali a trouvé dans la futurologie le bon outil pour exercer ses talents de pédagogue. Cette fois, c'est au futur du travail qu'il s'est intéressé, en compagnie d'experts reconnus, comme l'économiste Pierre Cahuc, promoteur du « contrat unique » ; le syndicaliste François Chérèque ; des patrons ; le DRH d'Areva, Philippe Vivien ; et le senior adviser de l'OIT, Jean-Claude Javillier. La première moitié du livre dresse un tableau du monde du travail à l'horizon 2050. Sans trop s'embarrasser de doutes méthodologiques, nos experts annoncent que « les conséquences de la “sobotique” – tiré des termes software robot ou “sobot”, un logiciel permettant de reproduire une partie restreinte des fonctions de l'intelligence humaine – sur le travail domestique et l'environnement bureaucratique seront considérables ». De même, s'appuyant sur le phénomène Second Life, ce jeu de simulation virtuelle à la mode qui permet de se créer des avatars sur ordinateur, les auteurs envisagent que « le nombre de travailleurs virtuels soit rapidement du même ordre de grandeur que celui des travailleurs réels ». Heureusement, on trouvera aussi beaucoup de chiffres, bien remis en perspective, sur les grandes tendances du travail dans les prochaines décennies. Des analyses pertinentes cernent l'évolution du travail industriel, la démultiplication des emplois de services et de surveillance, les grandes migrations de la main-d'œuvre qualifiée et non qualifiée. La seconde partie, centrée sur la France, sera fort utile pour apprécier les premiers pas des nouveaux gouvernants dans ces domaines. Certains des thèmes favoris de Nicolas Sarkozy y sont abondamment développés. Les thèses de Pierre Cahuc ont évidemment la part belle, la voix du syndicaliste étant moins perceptible, c'est le moins qu'on puisse dire.