Avec la politique étrangère, la Sécurité sociale fut la grande absente de la dernière élection présidentielle, estime Michel Borgetto, dans le « Libre propos » d'ouverture de la revue. Au point de se demander si les deux principaux candidats n'avaient pas fait une « impasse » sur l'impasse de la Sécu. Certes, ils n'ont pas été avares de promesses sur les retraites, au risque d'aggraver le problème pour celles de Ségolène Royal, ou sans perspective d'avenir pour celles de Nicolas Sarkozy. Concernant l'assurance maladie, c'est pire, et, pour la famille, les programmes frisaient l'indigence. Tous deux envisagent des mesures nouvelles ou d'autres allégements de taxes et d'impôts. Ce qui provoque chez l'auteur « une grande perplexité » quant à l'évolution du dispositif de protection mis en place à la Libération.
L'assurance maladie stimule la réflexion de nos revues. Celle des jésuites dresse un tableau angoissant des défis qui attendent le nouveau gouvernement. Daniel Lenoir rappelle qu'en août 2004 une étude de la Cnam montrait, sur une longue période, un écart tendanciel de 3 milliards d'euros par an entre le rythme de croissance des dépenses et celui des recettes, soit l'équivalent d'un point de CSG supplémentaire tous les trois ans. L'inspecteur général des affaires sociales redoute un creusement de l'inégalité de l'accès aux soins. Il estime que la question de la rémunération et du statut des professionnels de santé se posera inéluctablement, de même que celle du périmètre de soins remboursables. Pour faciliter des réformes douloureuses, il propose de définir « un espace de délibération adapté », ce qui constituerait « un bel enjeu pour renouveler une démocratie sanitaire et sociale » aujourd'hui mal-en-point.
C'est sous l'angle économique que Pierre Volovitch traite de l'assurance maladie. Il retrace l'histoire de l'introduction des outils économiques dans la gestion des dépenses de santé en France : enveloppes fermées, protocolisation des soins, tentatives de développer la concurrence. Mais il signale aussi les territoires qui résistent encore à ce type de raisonnement, à savoir la démographie médicale et les revenus des professionnels. Pour l'auteur, il faut créer les conditions d'un débat sur la frontière entre ce qui doit relever de la décision collective et ce qui doit demeurer dans le champ de la compétence des professionnels.
Le problème de la maîtrise des dépenses de santé n'est pas absent de la revue d'Hugues de Jouvenel. Patricia Siwek se focalise sur le dossier médical personnel. Membre du Haut Comité de la santé publique, l'auteur se demande si les économies visées par ce dispositif lourd à mettre en place parviendront à justifier l'investissement. Mais elle y voit un « outil d'impulsion pour le passage du secteur de la santé à l'ère du numérique ».
