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Repères

Remettre la France en mouvement

Repères | Éditorial | publié le : 01.05.2007 | Denis Boissard

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Remettre la France en mouvement

Crédit photo Denis Boissard

Dans quarante-huit heures, les Français se seront choisi un nouveau, ou une nouvelle, président(e). Le premier tour l’a clairement montré, ils aspirent à sortir la gouvernance de ce pays de l’immobilisme dans lequel elle est engluée depuis de trop nombreuses années.

L’appétit de changement et de réforme est manifeste. En témoignent tout à la fois la très forte mobilisation des électeurs, le vote protestataire réduit à la portion congrue (les candidats UMP, PS et UDF totalisent les trois quarts des voix, contre à peine plus de 40 % pour Chirac, Jospin et Bayrou en 2002), ainsi que la qualification pour le second tour de quinquas qui ont fait bouger les lignes dans leurs camps respectifs.

L’enjeu est considérable. Avec une croissance mollassonne, un endettement public croissant, une compétitivité qui s’érode, un chômage désespérément scotché autour de 9 %, un sous-emploi massif, des comptes sociaux à la dérive… la France est encalminée. Ceci alors qu’elle doit affronter des défis cruciaux dans les années à venir : faire évoluer son modèle social pour le rendre compatible avec la mondialisation économique, reprendre toute sa place dans une construction européenne qui connaît de nombreux ratés, remédier aux conséquences sur la croissance et la protection sociale d’une population vieillissante.

Quel sera, des deux candidats concourant encore pour l’Élysée, l’homme ou la femme capable de remettre la France en mouvement ? La réponse ne va pas de soi. D’abord parce que Sarkozy et Royal ont passablement brouillé leur message.

On aurait rêvé d’une alternative claire entre deux offres réformatrices : libéralisme ou social-démocratie rénovée. Mais il faut se contenter de discours programmatiques dont le fil conducteur reste difficile à décrypter. Le candidat de l’UMP est ainsi loin d’avoir rompu avec la tradition colbertiste, clientéliste et interventionniste de la droite française. Et nombre de ses propositions – la suppression de l’impôt sur les successions, donc sur la rente, l’indexation des salaires sur les prix, le conditionnement des allégements de charges à la politique salariale des entreprises – n’ont pas grand-chose à voir avec une vision libérale de l’économie. Tout en se réclamant de Tony Blair, notamment sur le chômage, la candidate du PS n’a, elle, pas vraiment réussi à s’affranchir du coûteux et très orthodoxe projet socialiste dans le domaine social, par exemple sur le smic à 1 500 euros, la suppression du CNE ou l’impasse sur le financement des retraites.

L’autre interrogation porte sur la méthode. S’ils promettent l’un et l’autre de réunir des sommets sociaux tripartites avant de réformer, la tentation qui affleure dans certaines déclarations peut être d’aller vite, de brûler les étapes, en profitant de l’éphémère état de grâce pour passer en force. Nos nouveaux apôtres du dialogue social seront-ils respectueux du rôle des partenaires sociaux ? Pour la pérennité et l’efficacité de l’action réformatrice, il faut l’espérer.

Auteur

  • Denis Boissard