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Idées

Lendemain de premier tour

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.05.2007 | Bernard Brunhes

QUEL PRÉSIDENT POUR LA RÉFORME ?

J’écris ce bloc-notes dans la nuit du premier tour de l’élection présidentielle. Nous avons au moins une certitude : le débat du second tour qui s’engage sera un débat droite-gauche. Et, comme les deux protagonistes n’ont plus besoin de ménager leurs extrêmes qui les ont trop souvent entraînés sur des pentes savonneuses, on peut espérer le choc entre deux réalismes.

Le contenu économique des programmes des deux finalistes était pauvre face à l’urgence d’un pays qui se traîne derrière ses voisins européens. Débarrassés des exigences de la surenchère en direction des extrêmes, ils pourront peut-être affiner leurs choix. Il y avait dans le programme de Bayrou quelques idées à grappiller. Mais on attend surtout qu’ils nous disent comment ils entendent sortir notre système de gouvernance, de décision, de négociation, d’articulation entre les partenaires et acteurs de l’économique et du social, de son inefficacité actuelle. Tous les rouages du dialogue et de la démocratie se grippent dès que l’on s’attaque à des changements pourtant jugés nécessaires et inéluctables par les citoyens. Qui des deux candidats sera le mieux armé pour rénover le dialogue social, faire bouger les partenaires, construire des consensus, faire aboutir des négociations sur tous les grands problèmes de l’heure – de la réforme de l’État à celles de l’Éducation nationale, de la Sécurité sociale au Code du travail, des retraites au logement social ? Ségolène Royal, probablement, si elle sait continuer à suivre sa voie sans se laisser intimider par les gardiens du temple.

AIRBUS EN PREMIÈRE LIGNE

Parmi les événements qui ont marqué les dernières semaines, il en est deux, étroitement liés, qui ne peuvent laisser indifférents les responsables politiques. La crise d’Airbus, d’abord, et ses conséquences sociales. Les candidats du premier tour ont dû se prononcer sur les décisions à prendre. Ceux qui restent en lice auraient intérêt à rester prudents… et à se souvenir de l’expérience de Lionel Jospin avec la fermeture de l’usine Renault de Vilvorde. Dans l’opposition, il avait défilé avec les protestataires contre cette fermeture. Au pouvoir, quelques semaines plus tard, il a dû reconnaître que cette fermeture était inévitable.

UN PILOTE PEU SCRUPULEUX

L’autre événement touche la même entreprise : le coprésident d’EADS et président d’Airbus est remercié de son impéritie par un chèque de 8,6 millions d’euros, qui s’ajoute à des stock-options généreuses et à une retraite chapeau confortable. Le voilà parti avec plusieurs siècles de smic en poche. Comment les responsables politiques peuvent-ils expliquer aux salariés d’Airbus touchés par la crise cette prime gigantesque pour mauvais service rendu à l’entreprise ? On peut regretter que, s’abritant derrière le caractère juridiquement inattaquable de ce cadeau, les leaders d’opinion – le Medef, par exemple – n’aient pas poussé les cris d’orfraie qui s’imposaient et qu’ils savent pousser pour des motifs moins scandaleux. Au moment où le pouvoir d’achat apparaît – avec l’emploi, bien sûr – comme le premier souci des Français, une telle absence d’indignation laisse pantois.

Auteur

  • Bernard Brunhes