La revue des jésuites donne la parole à Bernard Brunhes, qui avait déjà dressé, en novembre 2006, un constat accablant de la politique de l’emploi. Cette fois, l’expert lance un appel à ouvrir le chantier d’un nouveau modèle social, celui dont se réclament tous nos politiciens étant devenu une sorte de chimère. Le problème de la retraite, à ses yeux, consiste aujourd’hui à obtenir de l’ensemble de la société qu’elle se résolve à cesser toute activité « à 65 ans, puis même à 70 ans, et non pas avant 60 ans ». Pour la santé, il ne voit guère comment éviter une baisse générale des taux de remboursement à l’avenir, ce qui risque d’accroître encore la pénalisation des salariés modestes des petites entreprises. Troisième urgence : le logement. Autant de sujets sur lesquels il faut renoncer à « réformer masqué », avertit l’ancien conseiller social de Pierre Mauroy.
On retiendra de cette livraison le cri d’alarme de Jean-Jacques Salomon, professeur au Cnam, qui condamne l’« assassinat » de l’université française. « Les universités françaises sont malades non seulement d’un financement inadéquat, mais aussi et surtout – ceci expliquant cela – de l’abandon », estime le chercheur. Faute d’avoir prêté la moindre attention aux alertes venues d’organismes internationaux aux compétences peu contestables, le divorce est patent entre les structures d’éducation et de formation, d’une part, les défis auxquels sont confrontés la société et l’économie de l’autre.
Y a-t-il, au-delà des discours, une véritable implication des entrepreneurs dans les ressources humaines de leur entreprise ? C’est la question toute simple que s’est posée Patrick Valéau, directeur de recherche à l’IAE de la Réunion. S’appuyant sur un échantillon de 50 entrepreneurs, le maître de conférences note qu’un grand nombre d’entre eux ont un discours positif sur la gestion des ressources humaines. Mais ils se heurtent souvent aux contradictions de l’économique et du social, qu’on aurait tort de sous-estimer ou de masquer, selon l’auteur. Pour lui, la responsabilité sociale demande, de la part des patrons, « détermination, intégrité et courage ».
Les élections se suivent, leurs lendemains se ressemblent, selon Raymond Soubie, qui voit comme enjeux majeurs de l’après-6 mai deux thèmes éternels du débat social : l’emploi et le dialogue social. La question de l’emploi se pose toutefois à travers un nouveau prisme, repris à leur compte par presque tous les grands candidats : celui de la sécurisation des parcours professionnels. S’agissant du dialogue social, Raymond Soubie reconnaît le problème posé par l’affaiblissement et l’éclatement du syndicalisme français et pense qu’il est temps de revoir critères et instruments de mesure de la représentativité. L’ancien conseiller social de Raymond Barre semble sceptique sur les chances de voir réunies les conditions politiques pour avancer dans ces deux directions.
