Le 9 mai, Jean-Luc Bérard deviendra officiellement directeur général de l’Unedic. Cet homme discret et longiligne va succéder à Jean-Pierre Revoil, qui a fait valoir, contre son gré, ses droits à la retraite. Dans ce contexte électoral, et alors que plane toujours la perspective d’une fusion entre l’Unedic et l’ANPE, Jean-Luc Bérard sait le poste exposé. D’autant qu’il connaît bien l’organisme paritaire dont il fut le DRH de 1992 à 1997. Ce qui l’amène à ne pas s’exprimer avant sa prise de fonctions. « Il révélera d’abord sa stratégie en interne », répète en boucle son entourage.
Au sein de l’Unedic, le retour de ce juriste est diversement commenté : « C’est le seul candidat que la présidence nous a présenté. Nous n’avons pas vraiment eu le choix », souligne Éric Aubin, représentant de la CGT au conseil d’administration de l’Unedic, qui le décrit comme « l’homme de toutes les fusions ». De fait, Jean-Luc Bérard a conduit, en tant que DRH, le rapprochement entre Air liberté et AOM. Même scénario à la Snecma, où il a activement participé à la fusion avec Sagem lors de la constitution du groupe Safran. « Nous avons mené de réels changements d’organisation sans être secoués par d’importants conflits. C’est dire sa capacité à travailler avec les syndicats », note Dominique-Jean Chertier, membre du directoire de Safran. Directeur général chargé de la branche propulsion, Marc Ventre salue la diplomatie de Jean-Luc Bérard : « C’est une personnalité à la recherche du consensus. Il sait être ferme sur les objectifs en étant souple dans la méthode. » Les syndicats se montrent plus réservés : « Oui, il écoute les organisations… Les entendre, c’est une autre histoire ! » commente Antonio Sebastian, représentant syndical CGT au comité central de Safran. « C’est un animal au sang froid, il n’aime pas le conflit. Et ne s’écarte pas de la ligne de la direction », poursuit un confrère de la CFE-CGC.Une attitude qui tranchera avec Jean-Pierre Revoil, peu adepte du politiquement correct.
« Jean-Luc Bérard est un opérationnel en prise avec la réalité du secteur privé, pas un fonctionnaire. Il a 47 ans, sa compétence à relever des défis ne fait aucun doute », assure Annie Thomas, la présidente CFDT de l’Unedic. Négociation, à froid, d’une nouvelle convention, réorganisation des services, assainissement de la situation financière de l’organisme, poursuite du rapprochement avec l’ANPE, participation à la refonte de l’assurance chômage… Pour tenir une telle feuille de route, pas de doute qu’il lui faudra de l’énergie.
JEAN-LUC BÉRARD
47 ans.
1983
Entre au Groupement des industries métallurgiques d’Ile-de-France.
1986
Responsable des relations sociales d’une filiale de la Compagnie des eaux.
DE 1992 À 1997
DRH de l’Unedic.
DE 1997 À 2003
DRH d’AOM puis d’une entreprise de communication.
DEPUIS 2003
DRH et membre du comité de direction de la Snecma.