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Idées

Incertitudes

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.04.2007 | Raymond Soubie

DES LENDEMAINS INCERTAINS

Il est bien difficile de savoir quelles mesures seront réellement appliquées une fois l'élection passée. Prenons l'exemple du champ social. Que se passera-t-il vraiment en matière de retraites ? Ségolène Royal cédera-t-elle au penchant suicidaire d'annuler, comme le prévoit le programme de son parti, la réforme de 2003 ? Nicolas Sarkozy veut-il vraiment commencer par la réforme des régimes spéciaux, s'attaquant dès l'abord au « bastion ferroviaire » public, au risque de compromettre l'essentiel, la nouvelle étape de la réforme générale des retraites, prévue pour 2008 ? François Bayrou a-t-il des idées vraiment très précises sur le fond, sinon sur la procédure, le recours à un référendum ? Dans le domaine de l'emploi, qu'entend-on précisément par la sécurisation des parcours professionnels ? Et, parmi les nombreuses mesures annoncées de hausse du smic, de majoration du pouvoir d'achat ou de hausses d'allocations, dont chacun sait qu'elles ne sont pas toutes finançables, lesquelles seront choisies ?

Flou, donc, et incertitudes d'autant plus grandes que les principaux sujets de notre pays, les défis majeurs qu'il a à affronter sont à peine mentionnés. Comment répondre aux effets de la mondialisation, être aussi bons que les autres ? Cherchez la réponse.

MÉTHODES ET CALENDRIER DE L'APRÈS-ÉLECTION

Selon quel calendrier seront préparées les mesures que le nouveau gouvernement devra bien prendre ? Dans les premières semaines de l'après-élection, avec l'avantage de profiter de l'état de grâce mais le risque de laisser de côté le dialogue social ? Ou en prenant son temps, en laissant tout son espace à la concertation ? Les deux thèses existent mais on ne sait pas laquelle l'emportera. Si on recherche l'efficacité et le résultat, il faut bien entendu choisir la seconde voie. Certes, des mesures symboliquement fortes et mûres peuvent et doivent être prises rapidement. Mais, pour le reste, qui est l'essentiel – apporter des réponses au problème du chômage, au déficit des régimes sociaux, à la lutte contre les inégalités ou les exclusions, donner aux entreprises les vrais moyens de leur expansion –, il faut agir dans la durée. Il convient aussi de rechercher une amorce de consensus sur les causes et les diagnostics des maux que l'on veut combattre. Malheureusement, les politiques ont bien du mal à maîtriser ce processus : de là la lenteur et la difficulté de la mise en œuvre des réformes en France.

MÉCONNAISSANCE

Les Français, et plus encore les politiques, se trompent dans les liens qu'ils établissent entre l'évolution de la population active et l'emploi. Pour eux, le ralentissement de la croissance de la population active est une bonne nouvelle. Il serait garant d'une baisse du chômage, puisqu'il y aurait moins de personnes à employer. À court terme, le raisonnement est peut-être vrai, mais, à moyen terme, on peut penser que l'inverse se produira.

Une nation avec moins d'actifs est moins productive et moins dynamique, donc crée moins d'emplois. En vérité, l'évolution de la population active n'est pas un élément central des variations du chômage. Mais que l'on croie l'inverse montre que, sur l'appréhension du phénomène du chômage, et donc son traitement, le consensus est loin d'être fait.

Auteur

  • Raymond Soubie