La roue tourne. En 2033, l'Afrique enfin pacifiée profite pleinement de ses richesses alors que l'Europe a sombré dans la misère et la guerre. Un cortège de Blancs harassés se pressent aux grilles du consulat des États-Unis d'Afrique pour obtenir un visa. Parmi eux, Pauline et Olivier, institutrice et informaticien en quête d'un futur, rejoignent clandestinement l'eldorado africain. Les flux migratoires sont renversés, l'oppresseur est devenu opprimé et vice versa. Peu importe de savoir pourquoi et comment. En inversant les rôles, le réalisateur et comédien Sylvestre Amoussou, qui signe son premier long-métrage, dénonce assez drôlement la xénophobie et les préjugés dont sont victimes, dans la vraie vie, les Africains contraints à l'exil, mais salue aussi la main tendue et le respect de la différence. Ainsi, la minorité blanche s'entasse dans une cité-ghetto. Pour survivre, Pauline et Olivier acceptent des boulots indignes de leurs qualifications ; une bourgeoise africaine, expression vivante du racisme ordinaire, juge les Blancs fainéants. Le comédien Eriq Ebouaney incarne justement un ministre de l'Intérieur partisan d'« une Afrique aux Africains ». Si le mécanisme d'identification, fondé sur un scénario original, oblige le spectateur à s'interroger, les artifices utilisés manquent souvent de finesse. Quelques scènes – la mort de la pasionaria blanche dans les bras de son amant – sont carrément grotesques.

Africa Paradis, film de Sylvestre Amoussou. Sortie le 28 février.