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Enquête

Nos voisins tentent de sauver leurs cols bleus

Enquête | publié le : 01.03.2007 | Thomas Schnee

L'Espagne et le Royaume-Uni voient l'emploi industriel disparaître et se concentrent sur la reconversion de leurs ouvriers.L'Allemagne, elle, choisit de réindustrialiser.

Allemagne

Le come-back de l'industrie

Près de 10 kilomètres d'archives, 3 millions de photos et 10 000 microfilms : c'est tout ce qui reste du géant industriel Mannesmann, qui a employé jusqu'à 140 000 personnes dans l'acier, l'équipement automobile, l'armement, la machine-outil ou la téléphonie mobile. En l'an 2000, le britannique Vodafone s'en emparait aux termes d'une OPA et démantelait ce fleuron industriel. Souvent retenu comme symbole de la fin de la « Deutschland AG », le cas n'est pas isolé. On pourrait citer Grundig, Hoechst, aujourd'hui absorbé par Sanofi-Aventis, ou AEG, qui a délocalisé ses derniers sites de production en Pologne et en Italie. Enfin, le nombre des salariés de l'industrie a diminué de 10,6 millions en 1991 à 7,4 millions en 2006.

L'industrie allemande bat-elle en retraite ? Pas du tout, selon les experts qui parlent même de réindustrialisation : « De 1991 à 1995, l'industrie allemande a perdu 2,2 millions de salariés. Puis seulement 1 million pendant les dix années suivantes. Et, depuis 2003, les PME, qui constituent 90 % du tissu industriel, enregistrent un solde positif en termes de créations d'emplois », explique Michael Grömling, économiste à l'Institut de l'économie allemande de Cologne : « La part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée brute a reculé de 27,5 % à 22,6 % entre 1991 et 1995. Depuis, elle est remontée à 23,2 %. » Même IG Metall relativise l'ampleur des délocalisations : « L'organisation de la chaîne de production a changé. Mais pas autant que l'on s'y attendait, explique-t-on au département de politique industrielle du syndicat. Dans l'industrie, c'est essentiellement l'automobile qui a délocalisé certains pans de sa production vers l'Europe centrale, et surtout Volkswagen qui y a eu recours. » Seuls le textile ou l'électroménager ont vraiment été touchés par les délocalisations. Finalement, le paysage industriel allemand n'a guère changé, hormis la création de nouveaux pôles industriels à l'est. Près de Leipzig, BMW et Porsche ont construit de nouvelles usines. La chimie s'est implantée près de Leuna. Et Dresde, où AMD a installé deux de ses plus gros sites de production de puces électroniques, est désormais connu comme la « Silicon Saxony ».

23,2 %

En Allemagne, c'est la part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée brute. Un taux qui s'inscrit à nouveau à la hausse.

Auteur

  • Thomas Schnee